Les spécialistes de la vieillesse parlent de « déprise » pour qualifier le décrochage graduel qui transforme la vie en non-vie avant même que la mort ne survienne. La télé, par exemple, est encore regardée, mais sans être vraiment vue ni entendue, même si le son est au maximum. Ce qui se passe dans le couple est un mécanisme identique : une déprise conjugale qui fait plonger dans une vie ralentie, anesthésiée. Il suffit que l’un commence mystérieusement à décrocher pour qu’il entraîne l’autre au fond du gouffre. Parfois sans un cri, sans un mot.