Dans les médias, le chômage n'est jamais abordé sans sa courbe. C'est beau une courbe, c'est arrondi, sinueux, féminin. Une douceur. Ça donne envie de se laisser glisser, de se lover dans ses creux, de se blottir tout contre. Dans la vraie vie, le chômage, même voulu, se révèle une cassure, un virage serré au bord du précipice, une chute. La courbe du chômage est collective. Empilées, les milliers de petites cassures individuelles s'estompent, disparaissent dans la courbe.
(p. 25)