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Citation de enkidu_


Si, par « révolution », on entend le « bouleversement continuel de la production et le constant ébranlement de tout le système social » (Marx), alors il est clair qu'une société capitaliste est, dans son principe même, éminemment révolutionnaire (« construisons dans un monde qui bouge ! »). Si, en revanche – et de façon plus classique – on choisit de réserver le terme de « révolution » au seul processus politique qui permet à un peuple (ne serait-ce que pendant quelques semaines) de s'emparer d'un pouvoir jusque-là confisqué par une caste ou une oligarchie, on devra au contraire en conclure que le mouvement qui a progressivement conduit, dans la seconde partie des années 1970, au triomphe sans réplique des idées libérales (aussi bien sur le plan économique que politique et « sociétal ») doit nécessairement être défini – au moins dans ses aspects dominants – comme une véritable contre-révolution culturelle. L'important étant ici de voir que, dans les conditions historiquement inédites du système capitaliste, tout mouvement officiellement « progressiste » et futuriste – à l'image, on l'a vu, de celui des idéologues de la Silicon Valley – peut donc parfaitement s'avérer, et cela en même temps, profondément contre-révolutionnaire.

C'est là, du reste, ce que le roi Louis-Philippe avait eu lui-même l'occasion de constater, lors de son exil belge, face au spectacle dramatique des journées de juin 1848 : « La République a bien de la chance, s'était-il alors exclamé. Elle, au moins, elle a le droit de tirer sur le peuple ! ». Telle est bien, en définitive, la contradiction permanente dans laquelle doivent aujourd'hui se débattre les Versaillais de gauche (ou d'extrême gauche) du post-mitterrandisme.
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