...Je me souviens de mon émerveillement lorsque le profes-
seur Berlioz, du Muséum national d'histoire naturelle, me mit
un jour dans la paume de la main un petit colibri et de ma
déception devant ce qui s'y trouvait : une forme oblongue
de couleur grisâtre, bien éloignée de ce que j'attendais d'un
légendaire oiseau-mouche. À mon invitation à faire tourner
le triste objet naturalisé dans la lumière apparut devant moi
un joyau étincelant de couleurs qui changeaient selon l'inci-
dence de la lumière. Je découvris ainsi le monde magique des
colibris qui pouvait rivaliser avec les plus belles vitrines de
la place Vendôme. Je ne passe jamais sur celle-ci au bras de
ma compagne sans observer son regard fasciné qui me fait
penser à celui de la femelle du paradisier (Paradisaea apoda)
devant son chatoyant conjoint, au plumage dont les éclats
métalliques évoquent ceux de ma carte de crédit....
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