Jean Emériau

C'est dans ce contexte de civilisation gréco-romaine que s'installe peu à peu, à partir de l'an 30, la communauté chrétienne. L'extension, lente d'abord, s'accentue nettement avec la dispersion des apôtres, avec les voyages de Paul, et gagne les différentes couches sociales : ouvriers, commerçants, artisans, esclaves, militaires et classes patriciennes. A la fin du 1er siècle, plusieurs cités deviennent des centres majeurs de rayonnement du christianisme : Jérusalem, Antioche, Ephese, Rome. La diffusion de la nouvelle religion est grandement facilitée par la densité du réseau routier et des liaisons maritimes. Les disciples de Jésus utilisent largement, comme tous les autres habitants de l'Empire romain, ces moyens de déplacement.

La lettre de Diognete, composée à Alexandrie vers 190, décrit la communauté chrétienne :
Ce qu'est leur religion à eux, c'est un mystère ; n'espère pas pouvoir jamais l'apprendre d'un homme. Car les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les vêtements. Ils n'habitent pas des villes qui leur soient propres, ils ne se servent pas de quelques dialectes extraordinaires, leur genre de vie n'a rien de singulier. Ils se répartissent dans les cités grecques et barbares selon le lot échu à chacun ; ils se conforment aux usages locaux pour les vêtements, la nourriture et la manière de vivre, tout en manifestant les lois extraordinaires et vraiment paradoxales de leur république. (...) Ils aiment tous les hommes et tous les persécutent. Châtiés, ils sont dans la joie comme s'ils naissaient à la vie (...) Et ceux qui les détestent ne sauraient dire la cause de leur haine.