Chasségnac eut un geste agacé.
– On n’est pas près d’y arriver. Cependant, cette histoire de voyeur me tracasse. Ces types-là sont des maniaques, ils matent, et puis un jour ils vont un peu plus loin, ils veulent toucher et puis ça dérape. On ne sait jamais jusqu’où ça peut aller.
– Jusqu’à présent, à ce que m’a dit mon patron, l’individu n’a pas été menaçant.
– Comme vous dites, jusqu’à présent… D’ailleurs, il avait limité son terrain de chasse, si je puis dire, aux campings du bord de mer.
– Et maintenant ?
– Et maintenant qu’il n’y a plus de campeurs, il s’attaque aux résidences plus huppées…
Je vois, pensa Mary, on touche au gratin et le gratin n’aime pas être dérangé pendant la douche.
– C’est ce qui vous pose problème ? demanda-t-elle.
– Pardon ? demanda Chasségnac.
– Je suppose, dit Mary, que les résidents plus huppés, comme vous dites, vous mettent plus la pression que les campeurs.
– Exactement !
Chasségnac était soulagé de voir que Mary avait parfaitement appréhendé son problème.
Il se pencha pour lui confier :
– Le Morbihan était voici un demi-siècle un des départements les plus pauvres de France, il est devenu aujourd’hui une terre d’asile pour de riches retraités aux bras longs, ce qui nous contraint bien souvent à marcher sur des œufs.
Il ponctua cette phrase d’un long soupir.
Mary, qui avait déjà fréquenté ces lieux, voyait parfaitement ce que Chasségnac voulait dire.