La figure de l’espion n’est pourtant pas en elle-même une création de la
culture de guerre froide. Cette figure a pris une importance particulière dans les sociétés patriotiques et démocratiques depuis la fin du XIXe siècle, contribuant à redéfinir la délimitation entre le secret et la transparence.
Comme le montre Alain Dewerpe, l’inflation du discours et des représentations de l’espion est à inscrire dans la construction historique de l’individualité contemporaine.
Dans ce cadre, « l’espace imaginaire de l’espion est incommensurablement plus large que son espace réel » . En Union soviétique, la mise en place de la société nouvelle après la révolution et les résistances que cela a suscitées ont nourri le développement d’un imaginaire patriotique où l’espion occupe une place centrale, en particulier dans la deuxième moitié des années 1930.