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Citation de enkidu_


Héritier de l’herméneutique de Heidegger, il s’inscrit surtout dans la tradition de la phénoménologie issue de Husserl, dont il applique les grands principes à la conscience religieuse tournée vers le suprasensible et non plus seulement vers la perception sensible. Étudiant les grands textes des expériences mystiques et visionnaires des Perses zoroastriens et des musulmans chiites, il redécouvre une forme d’imagination métapsychologique par laquelle la conscience fait l’expérience d’un monde d’images autonomes, nommé « imaginal », qui constituent autant de présentations sensibles d’un monde intelligible. Avant lui, de larges courants de la philosophie religieuse (R. Otto) ou de la religion comparée (Van der Leeuw, M. Eliade) se sont approprié la méthode phénoménologique pour décrire, du point de vue des événements de conscience, les phénomènes constitutifs de la vie religieuse. Les images des dieux, les représentations d’objets tenus pour sacrés, ne peuvent être comprises que si l’on restitue l’attitude spécifique de la conscience symbolique, qui vise précisément, à travers une forme visible, une surréalité invisible. Ainsi, on fait place à un type de représentations qui excède la manifestation des choses naturelles, et qui concerne le dévoilement, dans le psychisme ou dans l’âme, de réalités perceptives qui ne peuvent être réduites à des fictions ou à des hallucinations.

H. Corbin a ainsi établi comment ces textes spirituels reposent sur une hiérarchie métaphysique de trois niveaux de réalités : celui d’un monde intelligible, de l’Un divin, celui d’un monde sensible auquel nous appartenons par notre corps, enfin celui d’une réalité intermédiaire en laquelle le monde intelligible se manifeste selon des figures concrètes (paysages, personnages, etc.). Le premier est accessible seulement par l’intelligence pure, le deuxième par la seule perception sensorielle, le troisième par une imagination visionnaire. On ne peut donc comprendre les images de ce monde intermédiaire qu’en distinguant, phénoménologiquement, deux types d’images : celles appartenant à une imagination psychophysiologique, inséparable de notre condition incarnée, qui permet de créer des fictions irréelles à partir du réel, et celles produites par une imagination créatrice vraie, séparable du sujet, autonome et subsistante en soi, qui permet d’offrir à la conscience intuitive des représentations non plus imaginaires mais « imaginales », aussi éloignées que possible de tout « psychologisme ». Ainsi les espaces paradisiaques, les Cités divines, les anges, qui fleurissent dans les textes religieux visionnaires, constituent en fait des manifestations imaginales indirectes de l’Absolu divin. La description phénoménologique de ces visions met donc en évidence, à côté du réel et de l’irréel, une réalité imaginale, un monde propre où l’esprit se corporalise et où les corps se spiritualisent (mundus imaginalis).
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