Le vent
Le vent superbe
Dont la caresse
Fait briller l'herbe
Aux cieux vous presse,
Agnelles folles,
Lourdes nuées
Ou fumerolles
D'azur trouées.
Le vent qui mène
Partout son branle,
Qui tout déchaîne
Et tout ébranle,
Les mers, la terre,
Vif comme flamme
Et salutaire,
Le vent est l'âme
De la montagne.
Il sonne aux pierres,
Il m'accompagne
De ses colères.
J'aimais une feuille au vent gris,
Une fleur près d'une fontaine,
Mais un coup de vent a repris
Feuille et fleur, il reste la peine
Pure comme la goutte d'eau
Sur la pierre de la fontaine
Avec la plume de l'oiseau
Que le vent portait, incertaine...
La route tournait sous la pluie.
Novembre...Les eaux étaient grises.
Les enfants cueillaient des alises,
Les villages sentaient la suie.
L'église contre la montagne
N'était plus qu'une aile lassée.
Une bourrasque était passée,
Un troupeau regagnait l'Espagne.
Sur un tapis de feuilles mortes
Et la dernière rose blanche
S'ennuyait comme le dimanche
Dont le vent tourmentait les portes.
Dans le bois de la sauvagine
La fontaine ne coule plus
Qui coulait depuis l'origine
Quand au bois luisait le palus
Maléfique au milieu des chênes.
Sous le roc nichent les corbeaux
Et sans rien pouvoir aux flambeaux
Des cyprès les vents se déchaînent
Soudain puis se taisent; plus rien
Qu'un froissement d'herbe au passage
D'une couleuvre. Il n'est plus d'âge
Loin des hommes, ni mal, ni bien.
Une lune de chagrin
Et toi que recherche en vain
La caresse d'une main,
Ami qu'on ne verra plus,
Dont les ronrons se sont tus
A jamais toi que je cherche!...
La lune de chagrin perche
Sur l'arbre de la chevêche.
Aux vignes l'émeraude d'avril, les bourgeons, chatons de lumière...Le tilleul embaume et mûrit. Ses fleurs ont des ailes de libellule...
Evasions
De l'heureuse matinée
Où s'éveillait Avignon,
De la brune carminée
Qui refaisait son chignon
Au miroir de la fenêtre,
J'accueille le souvenir.
Ce doux temps ne peut renaître
Ni jeunesse revenir.
Comme revient l'hirondelle
Avec la belle saison,
A son nid toujours fidèle
Sous le toit de la maison.
Las ! aux peupliers du Rhône
Chaque printemps clair me vieillit;
J'aime mieux la rose jaune
Qu'un ami pour moi cueillit
Loin du fleuve et de vos belles,
Villes aux pâleurs d'amour,
Tandis que les hirondelles
Désertent nos fins de jour