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Citation de SZRAMOWO


Dernier Train
Le cri le réveilla. Il resta quelques minutes hébété sans savoir si ce cri avait retenti à l'intérieur du train ou bien dans son rêve. En face de lui, dans le compartiment, un homme venait de s'asseoir.

Il était midi. On arrivait à Vaulry. La micheline émit un long sifflement, puis s'arrêta le long d'un appentis blanc qui portait en grosses lettres fraîchement repeintes : W.C. HOMMES-DAMES. À côté, il y avait un petit carré d'hortensias.

Dans son sommeil, le cahier avait glissé de ses genoux. En se baissant pour le ramasser, Jolte heurta du coude la jambe de l'homme ; il s'excusa, mais l'autre ne broncha pas. Sans s'expliquer pourquoi, l'écrivain n'osait pas regarder le visage de l'inconnu. Peut-être par crainte, pensait-il, de se sentir engagé par un regard, mais engagé à quoi ?

Son rêve l'avait laissé mal à l'aise. Il s'était fait une joie de ce petit voyage de retour en train, avec la perspective de noter dans son cahier les souvenirs que lui rappellerait ce paysage limousin si souvent traversé dans son enfance. Mais le réveil l'avait trouvé désemparé, sans ressort, comme ce nageur qui s'était préparé et qui, au dernier moment, devant l'eau trop noire de l'étang, recule.

Sa douleur à l'épaule gauche avait disparu, mais il ne parvenait pas à desserrer la boule d'angoisse durement nouée dans sa poitrine. Alors, pour chasser cet arrière-goût de vase au fond de sa gorge, il essaya d'écrire.
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