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Bibliographie de Jean-Marc Baud   (1)Voir plus

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
En France, le lieu capital de cette carte qu’il reste à tracer est sans aucun doute le collectif Inculte. Il apparaît en effet à de nombreux égards comme le groupe littéraire le plus important des trois dernières décennies. Par sa longévité tout d’abord : fondé en 2004, Inculte existe depuis près de vingt ans, là où de nombreux groupes s’étiolent deux ou trois ans après leur création. Par l’ampleur et l’importance de sa production collective ensuite, qui compte vingt numéros de la revue du même nom, parue entre 2004 et 2011, ainsi que plusieurs ouvrages communs signés ou tout au moins impulsés par le groupe […]. Le collectif est aussi à l’origine de la fondation de la maison d’édition Inculte où est paru l’ensemble de ces productions. Publiant des livres en grand format depuis 2009, relancée en 2015 dans l’orbite d’Actes Sud, elle est désormais solidement installée dans le champ éditorial, comptant environ cent cinquante références à son catalogue où se mêlent auteurs anglais et américains reconnus et écrivains français en voie d’émergence. Remarquable, le collectif l’est encore par son positionnement, ses modes d’organisation et d’intervention : s’il s’inscrit à de nombreux égards dans la tradition des groupes littéraires, par l’aspect provocant de son nom couplé à un certain art de la dérision ou du burlesque, mais aussi par le choix des jeunes romanciers qui le fondent de se réunir autour d’une revue, il participe aussi pleinement de cette réinvention des formes collectives, marquée par le refus d’un chef de file ou d’un manifeste, l’exploration de nouveaux enjeux poétiques et politiques et l’invention de formes d’intervention et d’apparition adaptées à la vie littéraire du XXIe siècle (festivals, résidences…). Il l’est enfin, au-delà de la reconnaissance critique dont témoigne le colloque qui lui a été consacré à Paris en 2020, par les trajectoires individuelles de ses membres, formant ce que certains journalistes nomment la « génération inculte ». La plupart de ses écrivains sont en effet aujourd’hui largement reconnus, voire consacrés par le public, la presse et l’université. Publiés chez les éditeurs les plus réputés, ils sont les invités réguliers des émissions littéraires à la radio ou à la télévision, les hebdomadaires et les quotidiens nationaux ne manquent pas de chroniquer leurs romans, tout comme les magazines spécialisés qui leur réservent parfois leur une. À ce jour, sept d’entre eux (Oliver Rohe, Arno Bertina, Mathieu Larnaudie, Hélène Gaudy, Maylis de Kerangal, Claro et Mathias Énard) ont ainsi fait l’objet d’un dossier dans Le Matricule des Anges, l’une des revues de référence en littérature contemporaine. Leur reconnaissance critique va aussi croissant. Articles et communications se multiplient sur leurs œuvres et quatre d’entre eux (Arno Bertina, Hélène Gaudy, Maylis de Kerangal et Mathias Énard) ont même fait l’objet de colloques ou d’ouvrages monographiques. Certains de leurs livres ont été de véritables best-sellers, raflant la mise des prix littéraires, trônant en tête des listes des meilleures ventes, d’Entre les murs de François Bégaudeau en 2006 à Réparer les vivants de Maylis de Kerangal en 2014, en passant par Boussole de Mathias Énard.
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« Groupe littéraire : regretter leur disparition ». Telle est l’entrée que l’on pourrait ajouter au Dictionnaire des idées reçues, tant notre époque est décrite comme un moment d’effacement et de dissolution de la communauté, prise en étau entre le triomphe de l’individualisme et l’affirmation des communautarismes. L’écrivain n’aurait pas échappé à cet amenuisement du commun. Le temps des cénacles, des mouvements et des avant-gardes serait derrière nous et les écrivains ne seraient plus que les atomes de constellations déconnectées, les membres incertains de galaxies erratiques.
C’est en tout cas le tableau mélancolique qui nous était proposé depuis plusieurs décennies. Le XXe siècle s’achevait et avec lui l’avant-garde, qui avait parfois prononcé elle-même le décret de sa mort. […] Ces repositionnements esthétiques des écrivains les plus consacrés des avant-gardes narratives [Philippe Sollers, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute,…] répondent aussi à une certaine lassitude de la part du public, comme des éditeurs, vis-à-vis d’une écriture perçue comme excessivement formaliste, comme en témoignent la fin de la revue Tel Quel en 1982, après vingt ans d’existence, et la multiplication des essais diagnostiquant une crise de la littérature française, dont les avant-gardes sont désignées comme responsables. Plus profondément, c’est l’idée même d’avant-garde qui semble mise à mal. […]
Plus globalement, ses conditions de possibilité historiques ne semblent plus réunies à la fin du XX e siècle, où sont remis en cause trois de ses principes structurants : la révolution, la modernité et la communauté. […]
Seraient ainsi mis en crise, d’après la chercheuse [Anne Tomiche, La Naissance des avant-gardes occidentales (1909-1922), 2015], non seulement le projet politique des avant-gardes, qui postulait la puissance révolutionnaire de l’art et de la littérature, mais sa dimension collective elle-même, la possibilité même de conjuguer l’engagement et la littérature au pluriel.
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Mais plutôt que de « couleur », nous avons entre nous toujours parlé d' »humeur ». Lorsqu’on nous demandait ce qui nous unissait, nous répondions souvent ça : « avant tout, une humeur ». En nous prenant aux mots, Jean-Marc Baud a cherché à définir les composantes, par essence impalpables, de cette espèce d’humeur. Grâce à une lecture rigoureuse et exhaustive de tous les numéros de la revue, mais aussi des ouvrages collectifs et des oeuvres de chacun des membres du groupe, il a pu déceler des points et contrepoints qui structurent le collectif. Ce faisant, Jean-Marc Baud tisse tout un réseau de lectures, d’influences, d’usages, de thématiques, de positionnements qui montre que les liens qui nous unissent sont plus denses, plus étroits qu’il n’y paraît, et sans doute plus que nous ne le formulions consciemment. Non parce qu’il y aurait un programme caché sous notre humeur commune, mais parce que cette humeur même engage des pratiques qui se font écho, des attitudes qui s’accordent sans nécessairement se ressembler. […]
Il y a bien sûr pour moi, et je gage que pour mes camarades tout autant, quelque chose de touchant à lire cet ouvrage et à replonger dans le cours de ces années turbulentes, des idées qui les agitaient, des énergies qui les traversaient. Jamais nous n’aurions pensé devenir un jour un objet d’études, ô combien sérieuses et pointues, et je ne peux que dire ma gratitude à l’auteur de s’être ainsi penché sur notre aventure commune – quitte à prendre le risque de lui donner une importance qu’elle n’avait peut-être pas, mais je l’en laisse seul juge. (Postface de Mathieu Larnaudie)
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