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Citation de Enroute


Il serait trop simple de croire que l'accès à l'Etat consacre la supériorité d'une nation sur une autre en vertu d'un génie propre inhérent à la race ou à l'esprit national. L'Etat résulte plutôt d'une énergie politique qui correspond à un moment fort de l'effectivité d'un peuple constitué en unité consciente d'elle-même et décidée à jouer un rôle positif dans le monde. A contrario de grandes nations peuvent, un jour, perdre leur Etat sans même s'en apercevoir à temps, parce que ses agents publics, hommes politiques et hauts fonctionnaires, auront perdu de vue leurs obligations proprement politiques. Cette situation de dégénérescence de la volonté politique est équivalente, quand au résultat pratique, à ce que la prévarication et tous les vices administratifs res régimes faibles et corrompus ont réalisé pour la décadence des nations et la disparition de leur peuple. Le politique peut se maintenir et même s'enrichir après la in des idéologies. Mais la fin du politique serait autrement dramatique que celle des idéologies, car elle signifierait l'écroulement d'un monde structuré par des instances capables d'assurer les prédicats idéaux de la personne : volonté unie, rationnelle, autonome, responsable. Quand de tels sujets s'évanouissent, quand il n'y a plus que des ensembles de sous-ensembles en interconnexion mouvante, on peut craindre que le politique ne disparaisse lui aussi. Or, s'il nous faut penser l'Etat européen à l'écart du mythe de l'Etat, nous ne pouvons d'un coeur léger gommer les prédicats de la personnalité. Si insistants que soient les appels à dépasser l'imaginaire politique traditionnel, il faudra au moins montrer ce qu'il advient de ses catégories, dont celles de souveraineté et de citoyenneté sont les principales. (p. 114-5)
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