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Citation de Pecosa


La découverte en 1922 de la tombe de Toutankhamon (KV62) ayant relancé l'égyptomanie tout en sollicitant l’imaginaire des artistes, le cinéma allait pouvoir compter sur la conjonction unique des réminiscences de l’Art Nouveau, des innovations de l’Art déco et de la « tutmania ». L’Art déco qui apparait dans un film dès 1920, avec son design de motifs répétitifs et de lignes géométriques, va devenir un symbole du luxe et de la mode, très bien intégré par le directeur artistique Cedric Gibbons de la MGM, qui saura fasciner le public déshérité de la Dépression avec les intérieurs chics et élégants des classes aisées. Cette démarche va coïncider avec l’émergence des genres au cinéma, comme le péplum « sonore » initié par Cecil B. DeMille. Entre 1920 et 1940, le cinéma mondial a produit cent vingt-sept films sur l’Egypte ancienne , mais une trentaine seulement possèdent des éléments Art déco. Cette rareté peut s’expliquer par un manque de volonté artistique , indispensable de la part des décideurs: producteur, réalisateur, directeur artistique (Production Designer, Art Director) et son équipe (décorateurs, costumiers, accessoiristes). Néanmoins, le design d’un film est toujours le reflet de son époque: il suffira de comparer trois versions de Cléopâtre, en 1917 (Theda Para), en 1934 (Claudette Colbert) et en 1963 (Elisabeth Taylor), pour constater que les maquillages, coiffures, costumes, et décors s’accordent avec la mode en usage. Le Cléopâtre de 1934, étant incontestablement, l’archétype du film égyptisant Art déco, existe-t-il encore d’autres exemples? On verra que les films retenus comme représentatifs partagent au moins une caractéristique: leurs directeurs artistiques sont généralement issus des milieux picturaux (peintre, illustrateur, affichiste, etc;) et, plus rarement, de la mode (haute couture, couturier, publicitaire…).
Bien avant le Cléopâtre de 1934, La Reine des Césars (Cléopatra, 1917), aujourd’hui perdu mais connu par une ample série de photographies, peut laisser deviner les prémices d’Art déco. Les costumes et les décors de George James Hopkins vont forger la réputation de vamp de Thea Para. Si la reconstitution orientaliste est stéréotypée (tapis, vêtements bigarrés, mobilier chargé), l’intrusion de formes géométriques préfigurent celles de l’Art déco. Les modèles pharaoniques retenus (pyramides, sphinx), peu hellénistiques sont des signaux visuels codifiés certifiant le symbolisme exotique et érotique de Cléopâtre comme « icône de l’égyptomanie branchée du début du XXéme siècle ».
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