L’ordinaire est devenu métaphore culinaire. À l’instar du geste de rompre le pain, coïncidence entre le sacré et le profane, s’y est greffé un certain sens du sacré et une conception spirituelle de ce que doit être l’art culinaire. De nos jours, ce n’est plus la richesse qui est preuve de bon goût. La culture, la tradition, le milieu dans lequel on a été éduqué déterminent sa présence ou son absence.
Dans les grandes maisons, au fil des siècles, une cuisine savante s’est élaborée. De nouveaux moyens ont permis des percées, des évolutions qui ont séduit et conquis les générations subséquentes. Avec le temps et l’invention des caractères mobiles en imprimerie, ces grandes recettes sont devenues accessibles, d’abord à la bourgeoisie, puis au commun des mortels.
D’un point de vue social, notre ordinaire reflète notre fascination pour la grandeur et pour tout ce qui caractérise la finesse du goût. Chacun s’efforce d’offrir ce qu’il a observé de mieux dans les sphères supérieures à ses invités. À l’origine, ce champ d’activité était exclusif aux Maîtres et Officiers des grandes maisons. Aujourd’hui, il compose l’ordinaire des cuisinières québécoises.
On retrouve plusieurs contes dotés d’objets magiques à vocation alimentaire dans les mythologies. Nombre de récits irlandais et gallois possèdent un chaudron magique. Celui du dieu-druide Dagda alimente les guerriers sans jamais se vider. Celui du héros Brân ressuscite les morts. Le plus désiré est le Graal celtique qui dispense un breuvage procurant l’immortalité.
Dans l’temps des fêtes, Virginie fait d’la grosse ordinaire. Du ragoût de boulettes avec d’la patte de cochon, des tourquières, un gros jambon, d’la dinde… y manque rien… même les tartes pis les croquignoles !