L’atabay ne tournait plus comme un vautour autour de sa proie. Il négligeait Kamel, lui donnait des tours de garde de nuit, les plus épuisants, les plus difficiles. Les anciens du peloton notèrent que ce changement coïncidait avec l’arrivée au camp d’une autre jeune recrue, un autre paysan adolescent, du nom de Mansour. Mansour avait des yeux de velours et de longs cils. L’atabay l’avait immédiatement pris sous sa coupe et, pendant que Kamel montait la garde la nuit dans un fortin, Ali convoquait Mansour sous sa tente pour lui expliquer, disait-il, les rudiments du métier militaire.