Jean Nicolas (IV)

Jean Nicolas, originaire de Morlaix ( né le 2 novembre 1901) nous a conté son odyssée de missionnaire, odyssée d'autant plus étonnante qu'il a connu derrière le rideau de fer les faveurs particulières du monde totalitaire. Il est vrai que le crime était de taille à l'encontre du missionnaire : espionnage. Motif singulier, mais assez courant là bas pour qu'on se dispense d'entrer davantage dans le détail, et qui lui a valu huit années d'internement dans les camps soviétiques ; auparavant, deux ans de présence missionnaire, ou d'espionnage, comme vous voudrez ; après les camps, un an de vie ouvrière au pôle Nord. Ce qui fait " onze ans au paradis ". Disons plutôt dans l'anti-chambre… 



Il a été missionnaire en Bulgarie de 1922 à 1924,puis en Roumanie de 1930 à 1943,puis en Russie de 1943 à 1954.



En 1943, on l'a envoyé à Odessa, sur la mer Noire, pour s'occuper des catholiques de la ville. Il est resté là, laissant passer le front au dessus de sa tête ; et les Soviets l'ont encore laissé un an tranquille avec un confrère italien. 



Il a été arrêté le 29 avril 1945; il a passé sept mois à la Loubianka, à Moscou, étant soupçonné d'espionnage. Il a été condamné à huit ans de camp de concentration en Sibérie, puis en Asie Centrale, pour terminer à Vorkouta, à 150 km au dessus du cercle polaire. 



Après ces huit ans, il est resté travailler comme ouvrier à 30 kms de ce camp. 



Revenu en France sur une intervention du ministère en 1954 et le 23 juin au soir, il tombait dans les bras de sa vieille maman. 



le Père Nicolas s'est destiné à la formation missionnaire des enfants et décédait le 13 février 1984.