Jean Perdijon

Peut être au fond l'idée est-elle moins naturelle qu'il y paraît, en tout cas pour tous les humains, nombreux, qui ne sont pas confronté quotidiennement à l'horizon marin, et n'ont aucune référence visuelle immédiate pour définir ce plan indifférent où aucune pente ne sollicite chute ou ascension. Aussi souhaiterait-on savoir ce qu'il en est dans d'autres langues, liées à des civilisations lointaines. Comment donc imaginent, concrétisent et nomment l'horizontalité, les peuples sans mer - qu'ils aient sous les yeux un paysage de montagnes aux lignes toutes brisées, ou de plaines mollement sinueuses, ou encore des dunes moutonnantes?

Voici comment Richard Feynmann explique ce qu'il entend par comprendre quelque chose en physique: « Nous pouvons imaginer que ce réseau compliqué d'objets en mouvement, qui constitue "le monde", est quelque chose d'analogue à une grande partie d'échecs jouée par les dieux, et que nous sommes des observateurs de ce jeu. Nous ne savons pas quelles sont les règles de ce jeu; la seule chose que nous pouvons faire, c'est de regarder le jeu. Bien sûr, si nous regardons suffisamment longtemps, nous pouvons finalement saisir quelques-unes de ces règles ».

Une science sans observation n'est que philosophie, mais une science sans théorie n'est qu'une histoire naturelle

L'homme cherche à se façonner une image du monde pour tenter de le maîtriser

Le but de la science est la compréhension aussi complète que possible et la mise en relation des expériences sensibles dans leurs variétés.

L'imagination est plus importante que le savoir