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Citation de Perugino


Une ombre s’avança, tu étais devant moi.

Mocassins noirs, jupe écossaise, longs cheveux noirs, sourcils arqués, pupilles noires elles aussi. Parce que tu étais grande et parce que j’étais assis, ton visage se détachait sur le feuillage des arbres, dans les hauteurs, avec un peu de ciel derrière l’oreille droite qu’une mèche de tes cheveux ramenée en arrière avait dégagée. Tu paraissais intriguée, presque mécontente, mais ce n’était de ta part qu’une moue, une modulation de ton expression naturelle.

Tu consentis à t’asseoir sur ce banc vétuste et j’esquissais ta silhouette à traits rapides, reprenant la courbe de ton épaule, caressant avec de la mie de pain ta joue sur le papier, arquant ton sourcil, fronçant plus que ne l’avait fait la nature le pli de tes lèvres. Pour tes cheveux noirs il m’eut fallu une encre.

Sérieuse, tu tâchais d’apercevoir de temps en temps par-dessus mon bloc de papier que je tenais incliné. Mon regard sur toi ne te gênait pas. Tu n’y voyais que l’œil du peintre. Mais bientôt tu manifestas des signes d’impatience, tes traits commencèrent à se froncer, ta moue naturelle s’accentua, une ombre passa sur ton visage et il y eut comme un assombrissement de toute ta personne. C’était comme une nappe de brume s’approchant d’un étang, quelque chose de triste et d’inattendu. Je suivais avec curiosité cette alté-ration dont j’eus aimé saisir les étapes, mais tu ne m’en laissais pas le loisir et je voyais le moment où tu allais te lever comme les marins disent que la tempête se lève.
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