Le mode de conservation d’un souvenir initialement épisodique change avec le temps pour être pris en charge par le versant sémantique de la mémoire autobiographique. Cette migration de souvenirs d’un système de mémoire à un autre s’appelle la sémantisation. Ce processus constitue une forme de consolidation des informations déjà présentes en mémoire, dont la trace est renforcée par une évocation récurrente (chaque année…).
La période de stockage d’un souvenir s’étend de quelques minutes à toute la vie et dépend de plusieurs paramètres. Lorsqu’un paramètre émotionnel est survenu au moment de l’encodage d’une information, celle-ci a de grandes chances de bien résister au temps et de se fixer à tout jamais dans le stock de la mémoire.
L’oubli, dans sa forme extrême qu’est l’amnésie, prive l’individu de son passé et l’empêche de se projeter dans l’avenir. Oublier un événement douloureux, au contraire, aide à se reconstruire un futur. Le champ de l’oubli est donc très vaste et la mémoire le cultive au gré des événements de la vie, subissant ou tirant parti des facteurs environnementaux.
Historiquement la mémoire, mais aussi l’âme, la conscience, le caractère de l’être humain ont d’abord été des notions attachées à l’esprit et faisaient plutôt l’objet de discussions philosophiques, voire théologiques. Dans l’Antiquité, on se posait déjà des questions sur la localisation de la mémoire et les mécanismes d’acquisition des souvenirs.
La mémoire humaine n’est pas qu’une simple unité de stockage des souvenirs, son rôle est beaucoup plus dynamique. En effet, elle s’implique dans nombre de nos comportements et interagit avec nos émotions et notre personnalité. « J’ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien », nous dit la chanson avec une pointe de nostalgie.
Il y a un grand écart entre l’oubli « freudien » ou sélectif qui fait la part de vos motivations et l’oubli à mesure de votre grand-mère que l’on dit atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il y a l’oubli qui arrange et l’oubli qui dérange !
Dans certains cas, lorsque le souvenir est teinté de beaucoup d’émotions, son rappel en mémoire épisodique mobilise aussi des souvenirs liés à la mémoire perceptive. Le souvenir de votre chanson préférée jouée le jour de votre anniversaire et la saveur toute particulière du dessert sont chargés d’émotions intenses qui valorisent la représentation que vous vous faites de ce jour précieux. Par contre, la mauvaise météo du temps de l’apéritif s’estompe dans les oubliettes de votre mémoire.
La mémoire des événements personnels continue de s’affiner jusqu’à l’adolescence en s’appuyant sur le développement parallèle des autres systèmes de mémoire (mémoire sémantique et mémoire de travail) mais aussi sur celui des fonctions exécutives. Précisons au passage ce que sont les fonctions exécutives : elles représentent les capacités mentales permettant d’avoir un comportement adapté et flexible en fonction de la tâche que l’on doit exécuter.
La mémoire de travail est une mémoire à court terme et l’information que vous y glissez n’y reste environ que vingt à trente secondes et, sauf à faire un effort de répétition, le numéro à retenir a disparu passé ce délai. Vous pouvez très facilement en faire l’expérience avec un numéro de téléphone inconnu qu’on vient de vous dicter. Sans effort mnémotechnique, vous l’aurez oublié sitôt après l’avoir composé.
Oubliez-vous les titres des livres de vos auteurs favoris ? Vos grands classiques sont en général bien ancrés dans votre mémoire, car vous y faites souvent référence et depuis longtemps. En est-il de même pour les ouvrages récents que l’on vous a offerts afin de vous faire découvrir un nouveau style de littérature ? Parfois, leur originalité va marquer votre esprit et vous les retiendrez immédiatement.