Je voudrais te connaître…
Je voudrais te connaître jusqu’à l’enfance
Comme en remontant un fleuve tranquille
Jusqu’au village ancien mûri au creux de l’eau
Tailladé de contre-jour
Par-delà l’arche blanche et le gué à fleur de glace
— Remontée jusqu’à l’hiver
Et la chambre à l’odeur de bois qui rit toute seule
Parmi les jouets d’autrefois gauches ensommeillés
Devant l’armoire ent’ouverte la glace ironique et vide
Le rire au goût de robe
Et l’avalanche dans la grange au fil du foin
Je descends le fleuve qui monte
Je le descends vers sa naissance dans ses plis miroitants
et lourds
Au long des méandres pesants portant un poids profond
et cher
Tu seras là
Femme prise à la source