AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de mh17


mh17
11 novembre 2020
Le 13 novembre 1918
Les dernières quarante-huit heures.
Chers parents
Cette fois je vous écris en plus grand. Nous avons été relevés hier après midi du contact avec les Boches. Les dernières quarante-huit heures ont été terribles.
Le 9 à 10 heures du matin on faisait une attaque terrible dans la plaine de la Woëvre. Nous y laissons les trois quart de la compagnie, il nous est impossible de nous replier sur nos lignes ; nous restons dans l'eau trente-six heures sans pouvoir lever la tête ; dans la nuit du 10, nous reculons à 1km de Dieppe ; nous passons la dernière nuit de guerre le matin au petit jour puisque le reste de nous autres est évacué ; on ne peut plus se tenir sur les jambes ; j'ai le pied gauche noir comme du charbon et tout le corps tout violet ; il est grand temps qu'il vienne une décision, ou tout le monde reste dans le marais, les brancardiers ne pouvant plus marcher car le Boche tire toujours ; la plaine est plate comme un billard.
A 9 heures du matin le 11, on vient nous avertir que tout est signé et que cela finit à 11 heures, deux heures qui parurent sonner des jours entiers.
Enfin, 11 heures arrivent ; d'un seul coup, tout s'arrête, c'est incroyable.
Nous attendons 2 heures ; tout est bien fini ; alors la triste corvée commence, d'aller chercher les camarades qui y sont restés. Le soir arrive, il nous faut rester là, mais on allume un grand feu et les rescapés se rassemblent ; tout le monde est content mais triste : la mort plane encore dans l'air. Le 12, nous sommes relevés à 2 heures et c'est fini.
Eugène

Eugène Poézévara avait dix-huit ans en 1914. Il écrivait souvent à ses parents, des Bretons qui habitaient Mantes-La-Jolie. Eugène a été gazé sur le front, et il est mort d'épuisement dans les années 20.
( p 175)
Commenter  J’apprécie          140





Ont apprécié cette citation (12)voir plus




{* *}