Le pays de Provence est veillé par deux saintes. Elles ont la peau blanche et nue.
Alanguies l'été, sur la plaine elles offrent leurs flancs aux soleils les plus indiscrets.
Au matin, sentant ses cuisses mouillées, elle mit sa main au bas de son ventre : son premier sang avait coulé dans la nuit.
"Mais il ne s'y trompe pas. Il sent, de dessous la vase et le limon, du plus noir, il sait que cette lueur est ce qui tient le monde en ordre de marche et tout, dans l'univers,
à sa juste place depuis les balbutiements. Cette lueur infime est tout ce qui lui reste. Il lui doit le dépouillement, il lui doit le peu de force qu'il a encore - mettre un pied devant l'autre, ne pas tomber, tendre la
main, choisir, quand deux chemins se présentent, lequel est le bon. À cela, choisir le bon chemin, il mettra toute son absence, toute sa disparition
de sa propre scène, toute sa confiance aveugle. Il s'ignore confiant, il se sait aveugle.
Qui reste-t-il quand il n'y a plus personne ?
Comment la lueur la plus infime s'y prend-elle pour subsister au coeur le plus
noir des ténèbres les plus noires ?
Qu'est cela qui dans la mort retrouve le chemin de la vie ?
Il marche."