Jean Quéval

Glastonbury, cité qui regorge de vestiges et de légendes, a par le passé été le théâtre de bouleversements et d'événements surprenant et les derniers développements de la troisième section des Enchantements, intitulé le Miracle, ne déroge pas à cet état de fait. Une bien étrange alliance de circonstance se fait jour entre les tenants de l'anarchisme et du communisme et John Geard, le maire mystique, qui mélange allègrement christianisme et paganisme, et qui vire franchement thaumaturge, pour évincer Phillip Crow, avec la bénédiction du marquis de P, aristocrate de vieille souche et propriétaire de terrains sur lesquels se trouvent les nouveaux bâtiments de l'usine de teinturerie de l'ambitieux industriel. Parallèlement et de manière inquiétante Éros et Thanatos font un pas de deux et la volonté de puissance des protagonistes se double de pulsions sexuelles plus ou moins conscientisées et assouvies.



Ce troisième volet, plus court que les précédents, montre la montée en puissance des antagonismes et l'accumulation de forces qui ne peuvent manquer de se déchaîner, à moins que les éléments de la nature, que les hommes ont tendance à oublier ne les mettent tous d'accord. Répétons-le, les Enchantements de Glastonbury est une œuvre titanesque et qui cependant réussi la prouesse de ne pas lasser le lecteur doté d'un minimum de coffre.

Où la folie des hommes avorte contre les décrets de Cybèle, la nature nivélatrice. C'est dans le Déluge que s'achève les Enchantements de Glastonburry. Exit les desseins de soumission des hommes et des ressources terrestres à des fins capitalistes, finis les rêves d'une nouvelle religion, d'un cinquième évangile, envolées les aspirations à une dictature du prolétariat, tout s'efface sous les arrêts des éléments.



Une œuvre vraiment remarquable que ces Enchantements. Ses dimensions cyclopéennes constituent un défi au lecteur moderne, mais la plume de ce diable de Powys ne manque pas de souffle, et sa grande aptitude à jouer du contraste dans le ton des épisodes est l'élément-clé de cette œuvre. Ainsi à la vision hallucinée du puritain d'une tanche gisant au cœur du Graal succède l'épisode de l'administration d'un lavement par ce même visionnaire sur la personne d'un grabataire affligé de la double disgrâce d'une constipation sévère et d'hémorroïdes ... Jamais une ville fut tant célébrée et incarnée dans un roman, que cette fascinante cité de Glastonbury. Considérés la taille de l'objet et les élans visionnaires et mystiques de l'auteur et sachant que l'édition complète en un seul volume achetée neuve chez Amazon (mea culpa maxima culpa) est achevée d'imprimer en juillet 1991, il est à craindre que ce monument de la littérature anglaise ne soit jamais réédité. Â bon entendeur...

Une très bonne édition car sans la grande introduction explicative je n'aurai sans doute pas vu de références historiques. Mes connaissances sur les guerres "danois/goths" au Vème siècle étant limitées. Une très bonne épopée. Un héros traditionnel mais elle est bien traduite et cela change un peu de cadre par rapport aux épopées grecques, latines, ou de l'Europe médiévale!