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Citation de SZRAMOWO


— La raison pour laquelle je devins le gardien du cimetière de Saint-Guitton, monsieur le Juge d’instruction ? Mon Dieu, la voici : la faim et le froid.

« Imaginez-vous quelqu’un, vêtu d’un complet d’été, ayant fait soixante kilomètres séparant deux villes : celle où on lui a refusé tout travail et tout secours, et celle qui fut son dernier espoir. Imaginez-vous cet être nourri de carottes glacées sentant le purin de l’engrais et de pommes reinettes, aigres et dures, oubliées sur l’herbe d’un verger désert ; imaginez-le trempé par une pluie d’octobre, courbé sous de grosses rafales qui accouraient du nord, et vous aurez devant vous l’homme que je fus, lors de mon arrivée dans la banlieue de votre sinistre ville.

« J’entrai dans la première maison, qui est une auberge à l’enseigne des Deux-Pluviers, où le patron charitable me réconforta de café chaud, de pain et d’un hareng saur et où, au récit de ma détresse, ce brave homme m’apprit qu’un des gardiens du cimetière de Saint-Guitton venait de partir et quel l’on cherchait un remplaçant.

« Pourquoi les morts m’auraient-ils fait peur ? Les vivants m’avaient tant fait souffrir. Pouvaient-ils être plus méchants que ces derniers ?

« Vous cacherai-je ma joie d’avoir été agréé sur-le-champ par deux gardiens restants, qui semblaient avoir pleins pouvoirs sur le cimetière et les affaires qui s’y rattachaient ? Non, car je reçus tout de suite de chauds vêtements et un repas. Ah ! mais quel repas ! De larges tranches de viande rouge, des pâtés ruisselants de jus, des fritures aussi copieuses que dorées.

(Extrait de Le gardien du cimetière pages 112 à 121)
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