AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jean Serroy (8)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
L'esthétisation du monde

Le monde il est beau, le monde il est gentil.



Dans la société suresthétisée, le consommateur-citoyen-être sensible, alias « Homo Aesthéticus », fait sa toilette du matin avec des accessoires dessinés par les meilleurs designers. Puis il mange des céréales dont les propriétaires ont ouvert des fondations d’art. Il démarre ensuite sa berline Picasso et écoute des livres audio dans les embouteillages, sur le chemin d’un travail où sa créativité est heureusement appréciée. Si cette vie décorative n’est pas exempte de stress, si l’absence d’horizon collectif produit du mal-être, et s’il n’est pas toujours facile d’allier le calcul rationnel et la nouvelle sensibilité généralisée, l’Homo aestheticus peut compter sur les « empires esthético-marchands », grandes marques et puissances éclairées, pour animer, ré enchanter la vie ordinaire – et relever demain de défi de « la qualité », nouvelle étape dans une évolution qi a aussi ses revers : l’inégalité, le superflu, le gâchis, la pollution. Cette vision bon enfant de ce qu’ils appellent notre « âge hypermoderne » est détaillée par Gilles Lipovetsky –sociologue amène, plus descriptif que critique, lancé dès 1983 par un essai best-seller chez Gallimard, l’Ere du vide – et le critique Jean Serroy, dans leur dernier opus, l’Esthétisation du monde : dans nos villes « franchisées », où chaque boutique se pense comme une galerie et chacun de nos gestes comme une partique culturelle, le nouvel « empire transesthétique » œuvre à réconcilier, non sans tension, « la création et le loisir, l’art et la communication, l’avant-garde et la mode ». Vive le « capitalisme artiste, notre ultime chance de changer le monde ? cette synthèse sympathique n’en pose pas moins trois problèmes. Elle enfonce, d’abord, pas mal de portes ouvertes : on trouvait plus de profondeur théorique et d’audace politique dans les pages de Theodor Adorno, analysant la « vie mutilée » dans l’ère moderne aliénée (Minima Moralia, publiée en Allemagne en 1951), dans celles de Guy Debord, dénonçant nos vies « éloignées » devenues (une immense accumulation de spectacles » (laSociété du spectacle, éd. Buchet-Chastel 1967), ou celles de Fredric Jameson envisageant la pop culture omniprésente de notre époque « post-moderne » comme la logique même du capitalisme avancé (le Postmodernisme, publié aux Etats-Unis en 1992). Ensuite, ces trois-là avaient l’avantage, sur nos deux compères, d’aborder le rapport entre l’art et la société comme un rapport de force, un dispositif de domination, un effet du rapport de classes et de la logique de profit. Lesquels, ici, sont à ce point absents qu’on en viendrait à prêter effectivement à la « World Corporation » les plus vertueuses intentions du monde. Enfin, la subjectivité de l’individu « hypermoderne » est ici pour le moins atrophiée : elle cherche dans ce joli décor de quoi oublier ses malheurs, ne résiste ni ne s’insurge à aucun moment, et semble ne plus savoir ce qu’est la différence (des sexes, des origines, des classes, des conditions) ni la folie. Or, un sujet bougon, capable de répondre à cet état de choses par un beau bras d’honneur, prêterait plus à l’optimisme que les conclusions de nos deux observateurs. A un optimisme, en tout cas, nette plus combatif.



François Cusset Beaux-arts 348 juin 2013

Commenter  J’apprécie          90
L'écran global : Cinéma et culture-média

Récemment j'ai halluciné en voyant les films Lucy et Mad Max fury road. Des films qui en mettent plein la vue mais que j'ai trouvé incroyablement creux. Il faut dire que de nos jours, les blockbusters ne se prennent pas trop au sérieux. C'est pour comprendre ce nouvel âge du cinéma que j'ai entrepris la lecture de ce livre. Gilles Lipovetsky décrit de belle manière notre société qu'il désigne comme hypermoderne. Sa pensée est très cohérente, elle s'adapte donc à différents domaines comme les arts dont il semble être fin connaisseur. Cet ouvrage sur le cinéma a été coécrit avec un spécialiste de cet art global et total. Un très grand nombre de films sont cités, classés selon différents thèmes : l'excès, la multiplexité, la distance, le docu, l'historique, les réflexions sur la technologie (SF), la critique du marché, la revendication des droits de l'homme ou les interrogations existentielles. Les deux tiers du livre sont donc consacrés exclusivement au cinéma. Le dernier tiers étant consacré à la télévision, la publicité et d'une manière générale aux écrans informationnels, de surveillance, ludiques et expressifs. La thèse du livre est que le cinéma, art de masse et populaire du 20e siècle est loin d'être mort, au contraire il influence tous les autres écrans et jusqu'à la vie même. Des gens se prennent pour des stars, filment des explosions comme au ciné, recherchent des sensations toujours plus fortes dans des villes, des attractions touristiques, des shows télé, mode ou même culture s'inspirant toujours plus de l'hyperspectacle né au cinéma.



J'ai beaucoup aimé cet essai de 2007 qui est d'une actualité brûlante. Dommage qu'il ne soit pas plus récent, j'aurais aimé avoir l'avis de l'auteur sur les tueries dans les salles de cinéma ayant eu lieu aux USA. Dommage également que ne soit pas cité David Cage, un créateur de jeux vidéo français qui réalise de véritables films interactifs avec des stars hollywoodiennes. Tout ça pour dire que l'analyse des auteurs est extrêmement pertinente, elle manque juste un peu d'exemples. Au final, ils dressent un tableau ni catastrophiste ni angélique de cette culture écranique qui est la nôtre. Je suis quand même étonné que le terme de soft-power ne soit pas cité. Moi qui voulait décrypter les idéologies ciné dominantes (transhumanisme, féminisme, jeunisme), je reste un peu sur ma faim. J'ai bien aimé mais j'en aurai voulu encore plus... c'est aussi ça l'hypermodernité.
Commenter  J’apprécie          50
La culture-monde : Réponse à une société désorientée

Grosse erreur: je croyais avoir acheté Littérature-monde, du coup celui-ci retourne dans ma pal même s'il paraît intéressant.

Mon avis sera différé.
Commenter  J’apprécie          20
Le nouvel âge du kitsch: Essai sur la civilis..

"Le nouvel âge du kitsch" [...] questionne la notion de kitsch aujourd’hui. Autrefois relié à l’idée d’un manque de goût, le kitsh est revenu à la mode. À la fois objet de mode et symptôme d'un mal-être profond, qu’à t-il à nous apprendre sur les sociétés ?
Lien : https://actualitte.com/artic..
Commenter  J’apprécie          10
S'habiller comme au cinéma : Tenues mythiques..

Un superbe coffret (livre et patrons) qui allie cinéma et couture !

Chaque film/tenue est composé de sa fiche signalétique (année, réalisateur...), d'un texte replaçant le film dans son époque, abordant la comédienne, le contexte historique, la tenue portée, sa signification, son style... et les indications pour réaliser le modèle.

Vraiment bien pensé, passionnant et original, ce livre me donne envie de voir et revoir les films Ce n'est pas seulement un livre sur la couture c'est une alliance très réussis entre cinéma et confection. De plus les modèles aux explications claires et simples restent à la portée de nombreuses couturières et sont un petit peu remaniés aux goûts du jour pour pouvoir être facilement portés.

J'ai adoré le concept et j'encourage fortement les éditeurs à poursuivre cette lancée. Je rêve d'autres ouvrages innovants et introuvables sur des films et robes de toutes les époques !
Commenter  J’apprécie          00
S'habiller comme au cinéma : Tenues mythiques..

Chouette idée de donner les patrons des tenues mythiques.

Facile d'utilisation. cependant les différentes réalisations requièrent un niveau de compétence en couture très différent selon le modèle. Un peu triste aussi que les variantes proposées soient juste des variantes de couleurs dans le tissu... Mais de nombreuses heures de couture agréable en perspective et aussi une envie de revoir les films dont sont extraits les modèles.
Commenter  J’apprécie          01
S'habiller comme au cinéma : Tenues mythiques..

Merci masse critique pour ce beau livre!! J'ai pleins d'envies depuis que je l'ai feuilleté... on y trouve douze tenues mythiques, portées par des actrices sublimes, dans des classiques de cinéma, qui, il faut l'admettre ont parfois un peu vieilli niveau mode. Mais pour chaque tenue, l'auteure propose un autre tissu, ou quelques ajustements, pour réactualiser le modèle. Il y en a pour tous les niveaux, même si globalement, il faut être une couturière un peu avertie pour profiter de l'intégralité du livre ( une partie livre et une partie patrons).

Y a plus qu'à!

Commenter  J’apprécie          00
L'esthétisation du monde

Cet essai fait l'inventaire du bric-à-brac de notre quotidien. C'est lumineux, parfois lassant. Car les auteurs se gardent de porter le fer, à l'opposé d'un Philippe Muray qu'ils citent pour s'en démarquer.


Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jean Serroy (57)Voir plus

Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3209 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur cet auteur

{* *}