Ce livre semble ignoré; j’ai dû l’introduire moi-même dans le site ! Et j’imagine que les "Babelistes", dans leur écrasante majorité, ne s’accrocheraient pas à une telle lecture.
Je ne sais absolument rien de Jean Vernaison, si ce n’est ce que je viens de lire dans ce livre que m’a prêté une amie. Ce texte sort vraiment de l’ordinaire. Au soir de sa vie, un homme monologue en évoquant des souvenirs marquants. Parmi eux, le plus intense concerne la maladie et la mort de sa femme, qu’il a passionnément aimée et admirée. Ces moments très douloureux sont étroitement reliés à sa relation personnelle à Dieu, qu’il revisite avec une authenticité profonde. Non sans raison, la quatrième de couverture fait référence à Job. En effet, Jean Vernaison a la foi chevillée au corps, mais il souffre terriblement du destin qui lui a été imposé. Il refuse la prière d’intercession qui se réduit à un banal "échange de bons procédés" entre le fidèle et Dieu. Il découvre, non sans souffrance, des réponses à des questions essentielles, comme celle qui a posée par Jésus: « Et toi, qui dis-tu que je suis ? »; sa réponse est simple et belle: « La tendresse. Rien que la tendresse… ». Il ose aller plus loin. N’hésitant pas à passer aux yeux du lecteur pour un illuminé, il déclare avoir été lui-même Dieu: un jour, alors qu’il était prisonnier des Allemands, une femme anonyme lui a donné du pain. « Ce que vous donnerez au plus petit, c’est à moi que vous le donnerez », comme l’a dit Jésus (Mat. 25, 40). Nous comprenons que lui, qui était alors le plus misérable des hommes, a senti en lui la présence du Fils…
Il y a beaucoup d’humilité dans tout ce témoignage et, en même temps, beaucoup d’amour: amour humain et amour divin. La vision subjective de J. Vernaison est mise en valeur par son écriture particulière: des phrases courtes alternant avec d’autres plus longues, une prose presque poétique, des mots simples que l’on sent sincères. J’ai apprécié ce livre très fort. Mais j’ai dû le lire en plusieurs fois car, sinon, j’y aurais trouvé des longueurs.
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