Jean Vialard-goudou

Pas juste un journal, un document historique détaillé sur la guerre 40-45 hors Europe mais toujours en partie en France...



Bon, il y a bien un journal du docteur Jean Vialard-Goudou, journal qu'il a lui-même modifié à plusieurs reprises après la guerre pour éviter des ‘conflits d'opinions'. Autour de ce journal qu'on peut dire expurgé, il y a les introductions de l'historien Julien Toureille et surtout ses nombreuses annotations qui prennent parfois la moitié de la page. Une lecture difficile et ardue car elle fait référence à tellement de personnes réelles et historiques, tellement de régions du monde qui me sont plutôt inconnues et tellement de situations militaires parfois de plus surprenantes qu'il m'a été impossible d'en venir à bout surtout je crois en cette période de canicule où les spécialistes nous disent bien que notre cerveau ne fonctionne pas à 100 % !



Blague à part, c'est réellement un document qui pour les militaires et les historiens de guerre doit avoir tout son sens. C'est surtout et aussi un livre de référence qui n'est pas fait pour être lu comme un roman alors qu'un simple journal peut souvent l'être. C'était pourtant une drôle de guerre que nous décrit le docteur où notamment en Syrie en 1941, les français de l'armée de Pétain se sont battus contre les français de la France Libre. Voici d'ailleurs ce qu'en dit a dit le général De Gaulle lors de son communiqué du 14 juillet de cette même année : « Nous continuerons à porter le deuil des nôtres tombés en Syrie, aussi bien de ceux qui ont combattu dans nos rangs que de leurs adversaires, victimes de la trahison de quelques hommes qui ont sacrifié la France pour mieux servir Hitler. ». Comme je l'ai dit plus haut, c'est un travail de mémoire qui a bien sa place en bibliothèque au rayon histoire contemporaine.



Une lecture que j'aurai aimé partagé avec mon papa qui, lui, aurait bien compris les différents mouvements militaires. Une lecture que je n'abandonne pas et que je relirai par petits bouts car arrivée à la moitié, j'ai juste l'impression d'être noyée :-p



Je termine avec un tout grand merci à Babelio et aux éditions du félin pour la réception de ce bel ouvrage lors de la dernière Masse Critique. Une lecture trop ardue pour moi actuellement mais un choix que je ne regrette clairement pas :-)

Bon, je suis un peu embêté, sur ce coup-là.

Pas parce que c'est une masse critique (pour laquelle je remercie Babelio et les éditions du Félin) : ce n'est pas la première fois que je fais un retour très mitigé dans ce cadre, et les éditeurs savent que ça fait partie du jeu.

Non, je suis un peu embêté pour Jean Vialard Goudou, parce qu'à l'évidence, ce type était un héros (son titre de compagnon de la libération est loin d'être galvaudé), et en plus il avait visiblement des traits de caractère qui me l'ont rendu immédiatement sympathique : humble, franc, parfois volontiers rebelle (et sans toujours réfléchir aux conséquences de son indiscipline), engagé jusqu'au bout dans son serment d'Hippocrate, sans distinction de race ou de camp (il soignait les ennemis avec le même dévouement que les alliés).

Mais les faits sont là : j'ai eu beaucoup de mal avec ce bouquin, et j'ai fatalement dû en lire de nombreuses pages en diagonale, particulièrement dans la reproduction texto des notes prises lors du siège de Bir Hakeim. Que c'est indigeste ! Il est évident que le médecin qui organisait les secours aux blessés sous les bombardement acharnés de Rommel pendant plus de dix jours avait autre chose à faire que d'écrire de longues considérations philosophiques, mais s'il n'avait pris que quelques notes presque imbitables sur un carnet et s'il n'a pas pris ensuite le temps de les réorganiser pour en faire un vrai livre, quel est l'intérêt alors de le publier ? Car honnêtement, à part pour quelqu'un qui ferait une thèse sur le sujet, je ne vois pas comment on peut y trouver son compte (et pourtant, les ouvrages historiques même spécialisés ne sont généralement pas pour me rebuter).

Le reste, ce qui se déroule avant et après Bir Hakeim, est davantage rédigé. Hélas, là-encore, je suis resté sur ma faim. Excellent médecin et organisateur de talent, Vialard Goudou n'est pas écrivain et il a tendance à s'appesantir sur des considérations pas toujours très excitantes (ses parties de bridge, les blagues de ses camarades, ses conflits d'ego).

Parfois, il prend un peu de hauteur, mais ces moments sont trop rares pour sauver un ouvrage qui, malgré les immenses qualités du bonhomme, ne restera vraiment pas dans les annales.

J'ai lu ce document dans le cadre de l'opération Masse Critique non fiction de Babelio de ce mois de juin, merci donc.... à Babelio et aux éditions du Félin.



Ouvrage à réserver aux férus d'histoire, aux connaisseurs de la France Libre et de ses combats en Afrique et au Moyen-Orient. le texte proprement dit est précédé d'un petite série de préfaces et d'avant-propos présentant le contexte historique et la personnalité étonnante de ce médecin-chef né en 1902, compagnon de la Libération, un peu oublié aujourd'hui même si une rue de Bordeaux porte son nom.



Resté inédit à ce jour pour des raisons de franc-parler et d'opinions tranchées du Dr Vialard qui gênaient il y a encore quelques années,  le document a été expurgé et restructuré. Chaque épisode de la vie de l'auteur est précédé d'un encadré explicatif sur l'époque,  le lieu ou l'événement raconté. le tout est suivi en fin de volume de notices biographiques des personnages rencontrés et d'un index des lieux.



Notre docteur s'est en effet beaucoup déplacé en Afrique noire et au Moyen-Orient entre 1940 et 1944 avec le Service de Santé des troupes de la France Libre. Il a rencontré De Gaulle à plusieurs reprises, s'est battu aux côtés du Général Koenig et de l'armée britannique. D'une grande modestie, il ne se glorifie pas des combats, des exploits médicaux,  c'est un médecin gestionnaire qui ne parle pas non plus de sa nomination comme Compagnon de la Libération. On le suit donc dans les difficultés inhérentes à un service de santé en temps de guerre quand on n'est pas toujours d'accord avec ses supérieurs. On le voit subir le mépris des "résistants" de 1943, les insultes et calomnies vichyssistes, lui qui rejeta Pétain dès 1940. On le voit à Bir Hakeim, en Syrie,  au Liban, en Afrique du Nord puis en Italie et enfin au débarquement en Provence. Il rend ensuite un hommage très émouvant à ses amis et compagnons d'armes tombés au combat, lui qu'un grave accident de voiture privera des derniers affrontements (à sa grande frustration). Lui qui s'oppose aux politiciens opportunistes bureaucrates qui se voient déjà au pouvoir. Son franc-parler lui coûtera cher... lui "le gaulliste fou".



Je dois reconnaître que j'ai un avis assez mitigé sur cet ouvrage. Si vous attendez un récit plein d'émotions,  d'anecdotes et de pittoresque, passez votre chemin. Beaucoup de passages techniques militaires qui ne me parlent pas malgré mes connaissances de cette époque.  J'ai lu en diagonale plusieurs pages au centre de ce volume. Les encadrés explicatifs n'aident pas à rentrer dans le récit qui est surtout factuel. Mais...



La fin, après l'accident, (qui est évoqué sans plus) est plus vivante et son bonheur de retrouver le sol natal est communicatif. Bref, le bonhomme est un sacré personnage mais je ne suis pas persuadé que tout le monde le trouvera sympathique. J'ai quand même fini par le trouver attachant. Modeste, travailleur compétent, rigoureux, droit et voulant réellement servir, beaucoup de "résistants de la dernière heure" auraient à apprendre de lui.