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Citation de Charybde2


CALL ME BY YOUR DIAGNOSTIC
Pour les patients, la question du diagnostic est essentielle, car elle guide la prise en charge et le traitement. Elle permet aussi un soulagement, en attribuant la détresse et les symptômes à une cause extérieure, la maladie, et non à la personnalité propre du sujet. Enfin, elle est indispensable au processus d’appropriation du trouble dans une démarche de rétablissement. Pourtant, plusieurs problèmes liés aux diagnostics sont spécifiques à la psychiatrie.
Premièrement, beaucoup de noms de pathologies sont utilisés de manière impropre – et en général péjorative – comme « bipolaire », « schizophrène », « psychose », « autiste »… La personne à qui est annoncé un diagnostic peut prendre ces abus de langage pour argent comptant et les recevoir comme des insultes.
Deuxièmement, à la différence d’un infarctus cardiaque ou d’un diabète, il n’y a pas à ce jour d’examen complémentaire (radio, prise de sang…) permettant de certifier le diagnostic en psychiatrie. Cela jette un discrédit sur les patients lorsqu’ils sont confrontés à des personnes qui comprennent mal de quoi il s’agit. C’est la « triple » peine : en plus de la maladie, de sa stigmatisation, il leur est demandé de « prouver » que leur maladie n’est pas du « cinéma ». La diva aux cinq octaves, Mariah Carey, en a fait les frais lors de son coming out à propos du trouble bipolaire (voir chapitre 1, p. 31).
Les exemples de mésusage des diagnostics sont fréquents : un bon exemple se retrouve dans les critiques de cinéma. Ainsi, l’accueil du film Mommy (2014) de Xavier Dolan fut triomphal, mais il a également brillé par l’inventivité des diagnostics attribués au personnage de Steve. Quand Les Inrocks le voient « un peu psychotique », Libération le qualifie de « demi-givré », le Figaro d' »ado bipolaire », tandis que Elle, Première et le Nouvel Obs posent le diagnostic de TDAH (Trouble de l’attention avec Hyperactivité). Ce florilège est le reflet d’une connaissance imparfaite des troubles psychiatriques, mais aussi de l’ambivalence du film (voir « Mommy a tort : cinéma et psychiatrie », p. 26). Cette imprécision entretient l’idée que ces maladies sont interchangeables et que les psychiatres décident de l’un ou l’autre avec autant de subjectivité qu’un astrologue. C’est pour éviter cela que des outils standardisés, comme le DSM, ont vu le jour.
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