LES AMOURS DU SIEUR DE SPONDE
[1]
Si c’est dessus les eaux que la terre est pressée,
Comment se soustient-elle encor si fermement ?
Et si c’est sur les vents qu’elle a son fondement
Qui la peut conserver sans estre renversée ?
Ces justes contrepoids qui nous l’ont balancée
Ne panchent-ils jamais d’un divers branslement ?
Et qui nous fait solide ainsi cet Element
Qui trouve autour de lui l’inconstance amassée ?
Il est ainsi, ce corps se va tout souslevant
Sans jamais s’esbranler parmi l’onde et le vent,
Miracle nompareil, si mon amour extresme
Voyant ces maux coulans, soufflans de tous costez
Ne trouvoit tous les jours par exemple de mesme
Sa constance au milieu de ces legeretez.