STANCES DE LA MORT
III
Ha ! que j'en vois bien peu songer à cette mort,
Et si chacun la cherche aux dangers de la guerre,
Tantôt dessus la mer, tantôt dessus la terre,
Mais las ! dans son oubli tout le monde s'endort.
De la Mer on s'attend à resurgir au Port,
Sur la Terre aux effrois dont l'ennemi s’atterre :
Bref chacun pense à vivre, et ce vaisseau de verre,
S'estime être un rocher bien solide, et bien fort.
Je vois ces vermisseaux bâtir, dedans leurs plaines,
Les monts de leurs desseins, dont les cimes humaines
Semblent presque égaler leurs cœurs ambitieux.
Géants, où poussez-vous ces beaux amas de poudre ?
Vous les amoncelez ? vous les verrez dissoudre :
Ils montent de la Terre ? Ils tomberont des Cieux.