Jeanne Marie Clotilde Briatte comtesse Pillet-Will

En effet, la façon dont ces Contes de l'au-delà ont été obtenus et écrits ne relève pas du domaine de l'inspiration, et encore bien moins de celui de la suggestion, car beaucoup ont été écrits par le médium seul dans la pièce et avec une rapidité qui exclut toute idée d'inspiration ou de transmission.

Quant à vos yeux de l’âme, qu'ils regardent en haut! qu'il soient fixés vers le point invisible qui, se cachant derrière le voile de la mort, leur promet les félicités éternelles. Qu'ils se ferment quelquefois contre les portes mystiques de la pensée, pour enfermer tout au fond de vous-même la méditation de l'avenir réservé à tous! C’est alors que vous sentirez l'approche de vos invisibles. Leurs fluides doux et enveloppant tresseront autour de vous un réseau fin et serré qui séparert votre âme de la trop brutale nature qui vous asservit, et soudain la conception du but que vous poursuiviez réapparaîtra dans toute sa netteté.

Vous cesserez d’être les esclaves du monde périssable. Vous vivrez ici-bas et vous lutterez à chaque heure, non plus pour atteindre le bonheur chimérique qui vous échappe sans cesse mais pour conquérir l'au-delà.

L'au-delà ! ce pays d ombre pour vous, de lumière pour nous ! le rivage oublié de votre souvenir sur lequel ont atterri vos disparus, où ils vous attendent dans la joie destinée aux âmes justes et charitables, ou dans le regret d’un passé inutile qu'il faudra racheter bientôt par une existence douloureuse et troublée, mais destinée à leur conquérir la paix !

Sur ces derniers mots, j'ai pris congé de Mme X..., encore un peu plus intrigué qu'après la première expérience, n'osant pas croire, ne voulant pas croire, mais me demandant si jamais quelque philosophe doublé d'un savant, ayant été spectateur dans les mêmes conditions que moi, m'expliquera ce qui reste inexplicable à mon entendement après cette "chose vue".