Jérémy Audel

L'auteur nous entraîne aux Antilles en 1831, et plus précisément en Martinique, dix-sept ans avant l'abolition de l'esclavage dans cette ancienne colonie française.



À sa suite, nous allons pénétrer au cœur d'une plantation de canne à sucre, espace clos articulé autour de l'habitation du maître des lieux, territoire régi par ses propres règles internes.



En accompagnant les vicissitudes de l'existence d'Hippolyte, esclave domestique aux fonctions de valet au sein de la Grand-Case et personnage central du roman, c'est toute l'ignominie d'un système de production basé sur la violence et l'exploitation humaine que Jérémy Audel nous livre ici avec tact et une grande volonté d'être factuel et respectueux du contexte historique.



Il y a de la douceur dans l'équilibre et la musicalité de la plume de celui-ci, ce qui aucunement n'atténue l'horreur de cet asservissement, mais au contraire, donne au récit une dimension, poignante et terriblement humaine, nous éclairant sur les fondements de la créolité.





S'il est un sujet qui a déjà maintes fois été abordé en littérature, c'est bien celui de l'esclavage. Mais même si les mentalités et la législation ont heureusement évolué dans nos sociétés contemporaines, ce crime nous impacte toujours et ce mode tyrannique sévit encore dans de trop nombreux endroits de la planète.



L'histoire d'Hippolyte, si elle nous semble bien lointaine, exotique et révolue, a pourtant encore bien des résonances avec notre actualité.





Jérémy Audel signe, avec "Hippolyte, esclave ordinaire", une fresque historique de qualité où les perspectives humaine et culturelle occupent le premier plan.



À lire absolument !