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Citation de Charybde2


Le présent livre n’a pas pour objet l’analyse de la crise du coronavirus. Il a été écrit au beau milieu de ses vagues successives et s’appuie sur la situation ouverte par cette crise, mais il tente surtout de se projeter au-delà d’elle. La pandémie a entraîné un basculement dans une situation inédite et imprévue. Un peu plus d’un an auparavant, le soulèvement des Gilets jaunes avait déjà suscité une immense surprise et amorcé des dynamiques jusque-là tenues pour inenvisageables ; et cela n’est pas moins vrai du cycle planétaire des insurrections de l’année 2019. Lorsque la réalité se met à dépasser avec une telle frénésie ce que l’on s’autorise à imaginer, c’est qu’on est entré dans une période de très grande instabilité, dans laquelle la gamme des possibles est bien plus ouverte qu’on ne le croit. C’est dans cette brèche des possibles élargis que l’on souhaite s’engouffrer. C’est indispensable, si l’on veut avoir la moindre chance d’être à la hauteur de la puissance d’avertissement de la situation actuelle. Car s’il est vrai que la Covid-19 est une maladie du Capitalocène, alors il y a quelque raison de pousser l’ouverture des possibles au-delà du capitalisme lui-même.
C’est pourquoi on prendra appui sur la situation créée par la crise du coronavirus et les interrogations qu’elle a avivées pour porter la dynamique réflexive jusque vers l’après-capitalisme. Dans le chapitre 2, c’est la mise à l’arrêt de l’économie et les débats sur ce qu’il est essentiel ou non de produire qui conduiront à amplifier la liste des secteurs dont la paralysie définitive serait souhaitable et, plus largement, à esquisser une autre façon d’envisager la production, en la soustrayant aux injonctions d’une croissance infinie et à la centralité des déterminations économiques. Dans le chapitre 3, on argumentera que la crise du coronavirus n’a pas seulement vu le retour en force des États, habituel en période de crise, mais aussi une prolifération d’initiatives autonomes d’entraide et de soin, à partir desquelles il est possible d’envisager des modes d’auto-organisation se déployant dans tous les domaines, jusqu’à esquisser ce que pourrait être une politique non étatique d’autogouvernement. Et, si cette hypothèse s’inscrit dans une dynamique de relocalisation du politique, on verra qu’il est crucial d’aborder la question des lieux en évitant le piège de l’enfermement localiste. Dans le chapitre 4, on partira du fait qu’une crise sanitaire et écologique comme celle du coronavirus oblige à repenser les rapports des humains avec le reste du monde vivant ; cela suppose de rompre avec les fondements de la modernité – le grand partage entre l’homme et la nature, mais aussi l’individualisme et l’universalisme -, afin de cerner des basculements anthropologiques indispensables à l’émergence de possibles postcapitalistes. Enfin, dans le chapitre 5, on proposera une hypothèse stratégique visant à relier ces possibles postcapitalistes à l’analyse de la situation présente.
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