Quand on n’est pas exactement comme le cadre l’impose, on est brutalement raboté ou sauvagement élagué. Et qui sait si, une fois adulte, Anatole ne pourrait pas devenir dangereux à force de subir des méchancetés ? Ou s’il n’allait pas sombrer dans une terrible dépression sans issue, une de ces dépressions qui vous transforment en véritable ombre de vous-même ? La meilleure des choses à faire était de le confier à des professionnels. Il devait forcément y avoir des gens qui savaient s’y prendre avec ce type d’enfants. Normalement, la société pourvoit à tout. Elle est sans pitié pour les déséquilibrés et les marginaux, mais elle forme aussi des gens pour s’occuper d’eux. Elle crée des prisons. Des hôpitaux psy. J’étais un peu gênée à l’idée de penser à Anatole de cette manière mais il fallait bien reconnaître que ça tournait bizarrement dans sa tête. Ou plutôt, pour ce passionné des cercles, ça tournait beaucoup trop.