Jim Lewis

Roman remarquable tant par son récit que par l'écriture. Une vrai claque !

La majorité des romans n'ont qu'un début. Celui-ci en a deux. Un prélude raconte en quelques pages l'histoire d'une famille sur huit générations : première génération, un esclave noir qui s'est enfui ; dernière génération, un homme blanc qui vit dans les années 50, Walter Selby, qui ne sait pas qu'il a du sang noir dans les veines. Le Roi est mort raconte l'histoire de Walter Selby, héros de la Seconde Guerre mondiale puis secrétaire du gouverneur du Tennessee, et de Nicole, sa femme, dont il est éperdument amoureux. Avec leur deux enfants, Frank et Gail, ils forment une famille presque parfaite de la classe moyenne américaine, jusqu'au jour où Walter surprend Nicole dans les bras d'un amant et la tue. La seconde partie du roman est l'histoire de la génération suivante. Le fils, Frank, poursuit sa carrière d'acteur mais il est hanté par l'histoire de ses parents, contrairement à sa soeur. Il part retrouver son père, condamné à perpétuité, puis libéré, mais mourant d'un cancer. Le roman se clôt sur la mort du père et le sentiment du fils d'avoir retrouvé le sens de ses origines. Comme dans Quand on aime son bourreau, l'on retrouve la richesse de la prose de Jim Lewis, une capacité à raconter le moindre fait avec une précision et une originalité extrêmes qui viennent d'associations d'images, de métaphores et de choix de termes parfois envoûtants. Audace de la narration également car Lewis n'hésite pas à intégrer dans le récit principal des extraits d'une interview historique d'un entraîneur de base-ball, ou encore un dialogue présenté comme un chapitre à part, telle une scène de théâtre. Au-delà d'une facture parfaitement maîtrisée, Jim Lewis livre un roman qui porte un regard imperceptiblement parodique sur l'Amérique, un récit emprunt d'une teinte particulière qui n'appartient qu'à lui. " Le Roi est mort est un livre merveilleux.