Une froideur secrètement brûlante…
Sonnets de l’honnête amour
Une froideur secrètement brûlante
Brûle mon corps, mon esprit, ma raison,
Comme la poix anime le tison
Par une ardeur lentement violente.
Mon cœur, tiré d’une force alléchante
Dessous le joug d’une franche prison,
Boit à longs traits l’aigre-douce poison
Qui tous mes sens heureusement enchante.
Le premier feu de mon moindre plaisir
Fait haleter mon altéré désir,
Puis de nos cœurs la céleste androgyne.
Plus saintement vous oblige ma foi
Car j’aime tant cela que j’imagine
Que je ne puis aimer ce que je vois.