Rosa était frigorifiée mais elle sentait qu’il n’avait pas le droit de trembler, son corps devait cacher ses faiblesses. Seule de sa main gauche avait du mal à résister, elle cherchait l’appui d’une paume maternelle. Son index avait commencé à bouger, d’abord lentement puis, comme pris de palpitations, il s’était mis à taper contre le pouce sans parvenir à s’arrêter, cet index gauche qui menaçait la dénoncer. Alors Jania avait saisi sa main ‑une femme sans âge, sans cheveux à qui ont aurait donné cinquante alors qu’elle n « en avait pas plus de trente. Rosa ne connaissait pas son prénom, elle ne savait rien d’elle mais toute les deux ressentiraient bientôt les douleurs insondables. Elles respireraient côte-à-côte l’odeur du génocide et scelleraient leur mémoire dans une gamelle.