«Ooh ! Mon bébé !» Une voix hystérique transperçait la torpeur de cette matinée de la fin juin. Fatima Suget se mordit les lèvres en entendant ces paroles, que la femme répétait à grands cris. «Josette, oh Josette ! Mon bébé !»
Plus loin dans l'allée écrasée de soleil, à la seule autre cérémonie, l'élégante femme en tailleur de chantoung noir, coiffée d'un large chapeau à voilette, s'était écroulée en sanglotant, les bras refermés sur un cercueil en forme de cœur, tel un coffret de chocolats de la Saint-Valentin.
En cette journée parmi les plus torrides de mémoire de Parisien, Fatima Suget était entourée de quelques amis intimes pour rendre les derniers honneurs à Emma dans le cimetière d'animaux d'Asnières, au bord de la tombe fraîchement creusée à côté de celle du célèbre Rintintin.
«Emma n'aurait jamais rêvé un meilleur emplacement», dit Hadley tout doucement, pour réconforter son amie Fatima, alerte quarantenaire originaire de Tunisie.