Il est à Madrid un quartier fondamentalement espagnol dont les ruelles, bien que n'étant pas les plus tortueuses et les plus typiques de notre vieille capitale, n'en sont pas moins parmi les plus animées et les plus gaies. La rue du Duque de Alba lui sert d'antichambre, tandis que le limitent, d'un côté et de l'autre, celles des Embajadores - propriété de Vicente Pastor et emplacement de la Manufacture de tabac- et de la Mesón de Paredes, avec ses vingt-six tupis qui sont autant de petits autels dressés à la gloire de Bacchus. La rue Ronda de Valencia le ferme tel un élégant capuchon. Et je te jure, cher lecteur, que ce quadrilatère que je viens de signaler à ta perspicacité constitue une source inépuisable pour l'inspiration des poètes populaires et un lieu idéal pour l'exacerbation des douleurs et des joies du peuple : elles y trouvent une scène et y rencontrent un public.
Dans ces ruelles, se sont promenés jadis Don Ramón de la Cruz et le célèbre Mesonero, et errent aujourd'hui, entre deux quince à l'eau de Seltz savourés dans une de ces tavernes qui soupirent à chaque coin de rue, des poètes et des prosateurs comme Lopez Silva, Pedro de Répide, Casero, Diego San José et Fernando Mora.