Pouir être suffisamment intéressants, c'est-à-dire pour retenir les investisseurs et en attirer de nouveaux, les gouvernements se disputent donc les faveurs des entreprises en tentant de les persuader qu'ils pratiquent les poliltiques les plus favorables. S'ensuit une "course au plus offrant", où voit les gouvernements tailler en pièces certains ensembles de règlementations (notamment ceux qui protègent les travailleurs et l'environnement), réduire les taxes et abolir les programmes sociaux, au plus mépris des conséquences.
De la fin du XVII siècle au début du XVIII siècle, des courtiers londoniens appelés "jobbers" arpentent les cafés mal famés de l'Exchange Alley, un labyrinthe de ruelle encadrées par les rues Lombard, Cornhill et Birchin Lane, en quête d'investisseurs crédules à qui ils pourraient vendre des actions de sociétés fictives. Soutenues par la spéculation, ces sociétés connaissent un bref succès. De 1690 à 1695, 93 émettent et cotent des actions, mais en 1698 il n'en reste que 20.
De 1908 à la fin des années 1930, AT&T se targue ainsi d'être "un ami et un voisin" et montre son côté humain en donnant la parole à ses employés dans ses publicités - des téléphonistes et des monteurs de ligne, mais aussi des actionnaires. Dans l'une d'elles, un vice-président de cette entreprise s'inquiète: "Son gigantisme tend à retirer à la multinationale son côté humain; elle est devenue une chose."
La comptabilité n'est évidemment pas le seul domaine où l'OMC use de son autorité pour restreindre les choix politiques des régimes démocratiques. À plusieurs reprises, elle a exigé des gouvernements qu'ils modifient ou abolissent, sous peine de poursuites, des lois protégeant l'environnement, les consommateurs et certains autres intérêts publics.
Le "nouveau capitaliste", comme cette tendance est appelée, cherche à modifier la perception que les citoyens ont des entreprises à coups de promesses, de déclarations à teneurs sociale, de meilleures pratiques salariales et de meilleures conditions de travail.
Une des 15 entreprises de ce genre, c'est évidemment peu en comparaison des 10 000 sociétés qui sont cotées en Bourse, mais une seule, une seule WorldColm ou Enron, c'est déjà trop.