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Critiques de Joelle Palmieri (2)
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Digressions

Leur intégrité silencieuse une page écrite dans sa conscience



Une digression est une figure de style qui consiste en un changement temporaire de sujet dans le cours d’un récit, et plus généralement d’un discours, pour évoquer une action parallèle ou pour faire intervenir la narratrice ou le narrateur ou l’auteur-e…



Suivant une ligne brisée, une errance attentive, j’opte pour une lecture par bribes, retenant certains instants, échos à des détours ou des boucles dans les mots et les idées…



8 jours en 2020 et le temps long de vies. Gaëlle, Belgrade, balayer les « thèses victimaires d’un revers de main galvanisant l’inédit de leur entreprise », la télé-consommateurs-consommatrices neuroleptisé-es, une autre TévéWeb, les frondeuses des années 1990, « les fileuses du cyberespace, les chevalières du labyrinthe interplanétaire », la mémoire du HLM de Sarcelles et de la Nationale 7 comme rail des congés payés (mais les congés payés ne le sont par toutes, « Toutes proches de cette mer génitrice qu’elles soient, ces vacances résonnent pour sa mère comme peine, emmerdements et engueulades »), la/les famille(s), la thérapeute et le groupe, l’enfance d’une fille, une gamine contre l’ordre, les droits des femmes…



Bulgarie, Dario et Candida, l’ordre patriarcal, les langues, l’est parisien, les rues de Paris, le béton comme campagne, la petite maison, le passage de la pauvreté au « confort »…



Sofia, dynamique de groupe, écrire son autobiographie, les interrogations, libérer les appréhensions et dilater le futur, « Braquer le projecteur sur les conjuguées ignorance et arrogance de l’autre moitié de l’humanité », le droit à l’écriture, 8 mars, projet de Cdrom, le stalinisme, la tribu des hommes, le cinéma, un nouvel héritier et le bouleversement de la vie de la fille unique…



Sofia, Athènes, l’autre coté, terreur de percer l’intime de l’autre, l’aristocratie phallocrate, ailleurs et ici, « Gaëlle a la rage. Sans la force. Juste la rancoeur. Elle a mal à la bouche. A la langue. Ça pue », des noms, des filles et des femmes, le féminisme, l’environnement « Sexiste, raciste, homophobe, ségrégationniste », les obstacles à la jouissance et aux joies du sexe et de l’amour, le ministère des Droits des femmes, , « Levons-nous femmes esclaves, et brisons nos entraves, Debout ! De-eu-bout ! », l’indicible, l’indescriptible, la nausée des sentiments profonds, des amants, « Le papier-peint à fleurs bleu sur fond bardé de cercles verts de la chambre distille sa colère », des couleurs, des boites, Dario mort, les boulots, le syndicalisme, mai 1981, un rêve, une chute, les Phelines, l’édition, « quasi-autodidacte et inculte », les déménagements, ailleurs, Naplouse, les migrant-e-s, la psychanalyse, la longue et triste adolescence, l’étude de soi…



Gaëlle. « Gaëlle affirme que la dialectique passe par l’analyse des mots et non des maux. Par l’appropriation de son propre vocabulaire, par la création de ses propres grilles de lecture. Par la revendication de ses savoirs propres. Quotidiens. Construits dans l’individuation. Dans la subjectivisation. Plutôt que dans la subalternité. Qu’elle soit au grand capital ou aux camarades. Ne jamais se taire. Dire par tous les moyens. Y compris sans parole. En écrivant, en balayant, en souffrant, en rigolant, en livrant sa pensée. Imposer une morale de l’invisible. Pratiquer sans relâche un intime révélateur. Se poser comme étant. Elle est déjà sûre de ce qu’elle dit ». Et jusque dans la construction des digressions, profondément imprégnées par le féminisme, mais comme pourrait-il en être autrement ?



Un livre du coté de l’émancipation, et ce n’est pas un luxe…
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Tic, Colonialite, Patriarcat

Contre l’injonction de connexion, la liberté du récit et la construction de la mémoire



Joelle Palmieri débute par une mise en perspective, une situation du point de vue, Dakar décembre 2000, « Je suis venue assister au Tribunal populaire des femmes contre la dette qu’a organisé une coalition d’organisations de femmes locales », Belgrade février 2001, Johannesburg août 2002, Dubaï avril 2006, Région parisienne juin 2006…



« Aujourd’hui, journaliste, chercheuse, militante, j’ose vous transmettre mes interrogations et les réponses que j’ai pu glaner depuis 2008 sur la politisation/dépolitisation des organisations de femmes et féministes en contexte de mondialisation ».



Une exploration de « ce qui fait innovation, alternatives, créativité sociale ou épistémique », de la violence propre aux TIC, des rapports de domination de classe – de « race » – de genre, des organisations de femmes et des organisations féministes, une enquête au Cap (Afrique du Sud) et à Dakar (Sénégal), « les sociétés contemporaines, fortement empreintes de connexion numérique, mixent colonialité du pouvoir et patriarcat et ce double système de domination peut faire création épistémique »



Compte tenu de mes faibles connaissances sur les Technologies de l’information et de la communication (TIC) et de la richesse de cet ouvrage, je n’aborde que certaines analyses.



Il faut interroger les concepts « fruits d’une construction politique, économique et idéologique » et derrière une soit-disant neutralité des mots, les rapports sociaux, leur imbrication particulière et historique, le « double rôle social alloué aux femmes », la « re-production », la colonialité du pouvoir, les TIC et leur intrusion dans la vie quotidienne…



Joelle Palmieri analyse des spécificités historiques et géographiques, des constructions socio-institutionnelles, du Sénégal et de l’Afrique du Sud. Elle insiste particulièrement sur les inégalités, les violences, les combinaisons entre « libéralisme et tradition », la place de femmes…



Si la mise en relation des deux sociétés, leurs « ruptures » avec la colonisation et l’apartheid, éclaire des dynamiques contradictoires, je souligne les pages sur la « tolérance » à la violence, aux viols, aux féminicides, les invisibilités et l’impunité construite, la banalisation des violences de genre, le rétrécissement des murs « dans lesquels les violences enferment les femmes au quotidien »… sans oublier la féminisation de la pauvreté, les expérimentations libérales, les rhétoriques réactionnaires, le traditionalisme reconstruit en permanence, le patriarcat et les codes de la famille, les interprétations des textes religieux, le masculinisme (par exemple, les propos ouvertement sexistes et antiféministes de Jacob Zulma), la réduction des dénonciations des inégalités aux phénomènes de racialisation dans l’oubli des inégalités de classe et de genre…



J’ai notamment été intéressé par les analyses sur l’institutionnalisation du genre, l’affichage politique, la différentiation entre organisation de femmes et organisations féministes, le paternalisme du « féminisme d’Etat », l’instrumentalisation nationaliste des femmes, les promotions d’une certaine « condition féminine », le féminisme comme « divisionnisme » pour les leaders de l’ANC, la libération nationale comme dissolution des rapports sociaux, les luttes de femmes…



Comment parler de politique de genre en dehors de la mobilisation concrète des femmes, sans parler du patriarcat et des rapports sociaux, des fondements du néolibéralisme et des politiques préconisées, des dominations, des intérêts sociaux contradictoires ?… « l’ institutionnalisation de genre impose de fait une dialectique des droits (des femmes – position défensive), inhibant celle de leurs luttes (position offensive) »



L’idéologie binaire, les femmes placées « d’emblée au rang de victimes ou d’actrices immobiles », l’« ONGéïsation » des organisations, l’individualisation des problématiques, les donneurs d’ordre, les TIC dans l’oubli de leur dimension historique-économique-politique, la neutralisation des techniques, l’occultation des questions sociales, le contrôle des infrastructures, des contenus ou des espaces, la dépolitisation des usages, la non-maîtrise et la dépossession… et des réponses collectives de femmes.



Joelle Palmieri élargit et approfondit les réflexions dans le chapitre : « Colonialité numérique » : redéfinir la colonialité du pouvoir.



Elle aborde, entre autres, les utilisations des sites web, le donner à voir prenant le dessus sur l’éditorial, les distances entre prescripteurs d’action et bénéficiaires, la différence entre consommatrices d’information et émettrices d’information, l’activité d’information « par le haut et à sens unique », les possibles et ces réels qui se font attendre, le technique et l’éditorial, les sens qui ne sont jamais neutres, la mythification, « Ce mythe noie le contenu et le contrôle du contenu sous l’appréhension, non justifiée et mythique, de la technologie », les séparations des actions dans les mondes virtuels et réels, « une forme de désunion organique entre communication et action politique ».



L’auteure analyse le secteur économique mondialisé de la « société de l’information », la concentration des ressources, la place de la langue anglaise, les standards imposés, les nouvelles violences économiques, les visions par le haut faussement universalisantes, l’absence de réflexions approfondies sur les enjeux politiques des TIC.



Elle revient sur le concept de colonialité du pouvoir, des aspects historiques de la « modernité » conjuguant « les notions d’excès, de surabondance, de surenchère, d’exagération », ce qui se rapporte spécifiquement dans les sociétés numériques à la colonialité, l’héritage de la colonisation et de l’esclavage, l’analyse des rapports de domination « dans leur ensemble » et la « critique féministe des politiques et usages des TIC ». Elle dénonce la binarité connecté/déconnecté, développement/sous-développement, le mythe du rattrapage, la dépolitisation du développement par la technique, la reproduction de la ségrégation sexuée, les logiques de politiques d’assistanat ou d’aide, la fausse universalité généré par les TIC, les formes particulières de dérégulation, l’accélération générée par « la société numérique »…



« réel » et « virtuel », les relations sociales sont structurées, entre autres par le « genre » et les « TIC », les rapports sociaux sont « concomitants et coextensifs ». Les potentialités révolutionnaires des nouvelles techniques ne peuvent être appréhendées hors du prisme du genre, hors de la « relation individuelle permanente entre privé et public ».



Joelle Palmieri aborde aussi la « perméabilité entre outils et mythes », les objectivations des femmes, l’empowerment terme qui leur « interdit de revendiquer le statut de « sujet de droit » autonome », les surenchères institutionnelles et les problèmes de mobilisation autonome…



De l’indifférence à la créativité, prendre la parole, politisation des usages… « Qu’est ce qui dans la masse des contenus véhiculés par les TIC fait réellement savoirs ? ». Valorisation et visibilisation, séances de paroles de femmes, passeuses de mémoires, pratiques brisant les entraves, réseaux d’auteures, l’« intime révélateur », actrices et non victimes à qui on donne la parole… L’auteure propose de dissocier domination et pouvoir. Il y a là des pistes ouvertes de réflexions…


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