AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Johankerganec


Petit extrait du"Rehausseur d'épaves" en réponse au retour de SarM.
""
— Ce n’est pas tout, dit alors son guide, jetant un regard à une horloge qui s’était mise à flotter dans l’air tel le chat du Cheshire. Il faut y aller, on nous attend !

Se rapprochant, il posa les doigts sur le front du novice en cette dimension.

— Détendez-vous, vous n’êtes pas encore suffisamment familiarisé avec cette façon de se déplacer…

Sans transition, Paul vit s’étaler devant lui le plus exquis des jardins. Des fleurs d’une beauté fantastique se paraient de couleurs qu’il n’avait jamais vues, irisées, subtiles, vibrant dans plusieurs niveaux de réalité. Des parfums délicats flottaient dans l’air calme et se mêlaient en une symphonie olfactive, qui réjouissait l’âme des deux spectateurs.
Plus loin, une petite cascade faisait résonner l’air de sons mélodieux et cristallins en se déversant dans un bassin, où d’aimables statues semblant vivantes s’ébattaient gaiement.
C’était un véritable enchantement et l’on aurait pu se dissoudre dans tant de beauté, devenant tour à tour chaque élément de ce tableau magnifique.
Une jeune femme, des fleurs dans les cheveux et vêtue d’une toge d’un blanc éclatant, vint à leur rencontre depuis l’extrémité du jardin.
Dès que le jeune homme eut posé son regard sur cette charmante personne, son être tout entier se mit à vibrer, exprimant son trouble par les dégradés de rouge de son aura.
Il venait de reconnaître l’âme de Sophie, qui lui souriait avec une pointe de moquerie, amusée par la forme que revêtait maintenant l’émanation de son mari.

— Bonjour Paul, murmura-t-elle, je suis heureuse de te revoir. Tu semblais tellement triste, la dernière fois que nous nous sommes vus. Par la suite, je n’étais pas autorisée à te faire signe ; il fallait que tu cherches seul ta voie.

— L’oiseau, c’était toi ? répondit l’intéressé. Tu m’as tellement manqué ! Es-tu heureuse ici ?

Il n’était pas franchement surpris de la revoir, comme si une telle rencontre allait de soi. Dans ce contexte, n’importe quelle péripétie lui paraissait normale et, s’il avait été déstabilisé durant les premiers instants, il s’était rapidement habitué à l’étrangeté de tout ce qui lui arrivait maintenant.

— Oui, je suis en harmonie avec ce paysage. Ici tout est joie et beauté, je profite de tout ce qui m’est accordé, avant de me réincarner. Sachant que je suis vivante, tu dois retourner dans le monde matériel et poursuivre ta vie sans te soucier de moi.
» Chacun a son propre destin à accomplir. Si nos routes se croisent, il ne faut pas se désespérer lorsqu’elles se séparent à nouveau. Il nous faut poursuivre, sans relâche, le travail vers notre accomplissement.
» Va maintenant, ajouta-t-elle en déposant un baiser sur sa joue.
» Il est temps de partir. Tu ne te rappelleras peut-être pas ce moment, mais ton âme s’en souviendra et te guidera vers la paix…

— Désolé, dit Paul d’une voix un peu pâteuse, en regardant dans le vague. J’ai dû m’assoupir… je crois même avoir rêvé !

Puis, des fragments de ce songe lui revinrent en mémoire, mais il n’arrivait pas à reconstituer un ensemble cohérent. Les images le fuyaient et, plus il se concentrait, plus elles s’estompaient.
Il se souvenait surtout d’une atmosphère de joie paisible dans un jardin paradisiaque, mêlée à la certitude que la mort n’est pas une fin, mais une transition vers un autre état de conscience.
Il revoyait sa jeune épouse lui disant avec bienveillance qu’il faut laisser partir les êtres qu’on aime, sans chercher à les retenir, car chacun a une destinée propre.
Quelque chose en lui venait de renaître et il pourrait maintenant faire son deuil.
""
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}