Nous déambulons, tous autant que nous sommes, dans les bibliothèques de l'indicible, les sépulcres blanchis où la vraie vie que nous imaginons se dissimule derrière des échanges à propos de la météo, des chaussures confortables et une moralité inculquée à laquelle on obéit plus ou moins, et qu'on méprise plus ou moins. Nous sommes dressés à dissimuler l'imagerie de nos vies rêvées - et pourtant, ces images forment un monde en elles-mêmes, elles constituent une écologie, et c'est vers ce monde, vers cette écologie, que j'imagine quand je caresse un lent rêve de départ, un après-midi, me projetant au loin, ailleurs, avec une poignée de pièces dans ma poche et un petit vent frais qui agite les herbes.