La première fois que je suis allé dans le nord de la Norvège, c`était en 1996, pour assister à une conférence. En survolant les îles du comté de Troms, je me suis immédiatement senti chez moi. C`était en juillet donc les nuits étaient assez claires, la terre magnifique, la mer sombre et je dois dire que j`ai toujours eu un faible pour les îles. Pendant quelques années, j`y retournais même tous les ans et les îles de Kvaloya, que m`a fait découvrir mon ami Dag Andersson, sont devenues un point central, non seulement pour ce roman mais aussi pour mes autres écrits.
Certains mythes norvégiens ont des similitudes avec les histoires écossaises, d`autres sont très différents. J`ai été attiré par les deux, par une sensation de familiarité et d`étrangeté en même temps.
La Huldra est une femme magnifique, souvent représentée portant une robe rouge, qui rencontre les jeunes gens dans la nature – généralement dans les bois ou les champs, parfois près de la côte - et les piège pour les tuer. Elle est très belle et les hommes sont envoutés par elle, mais s`ils pouvaient voir derrière elle, ils verraient quelque chose d`autre, dans la version norvégienne, la queue d`une vache, dans la version suédoise, une sorte de néant Sartrien. En d`autres termes, elle représente l`illusion et ses pouvoirs : la beauté peut nous tromper et cela nous entraîne parfois dans des directions que nous ne devrions pas suivre mais que nous ne pouvons nous empêcher de suivre pour autant.
Cette idée des enfants disparus, surtout quand il n`y a pas d`explication (comme dans mon roman Scintillation), est épouvantable, c`est ce qui m`effraie le plus. D`un autre côté, il y a quelque chose de poignant à propos, disons, des Garçons Perdus dans Peter Pan, de James Matthew Barrie. Cela soulève des questions à propos de l`enfance, de l`âge adulte que je trouve intrigantes et compliquées. Dans un sens, je pense que tous les garçons se perdent en grandissant : ils deviennent des hommes, ce qui n`est pas le destin le plus enviable.
Liv aime sa mère parce que -et bien parce que c`est sa mère et qu`elle l`aime. En un sens, elle n`a pas le choix. Mais l`amour de sa mère envers elle est si peu conventionnel – et si clairement secondaire à l`amour qu`elle porte pour son œuvre – que Liv trouve cela difficile à comprendre. Angelika espère, je crois, qu`elle va inspirer Liv, à travers son exemple, à vivre selon ses propres règles dans un monde qui impose les siennes (et si devenir un homme n`est pas une tâche facile, devenir une femme l`est peut-être encore moins). C`est quelque chose que Liv trouve difficile –mais quand elle trouve enfin son « monde », Angelika n`arrive pas non plus à le comprendre.
Je pense donc qu`il s`agit, entre elles, d`un amour perplexe et de la peur, du côté de Liv, qu`Angelika ne soit plus à la hauteur de la perfection qu`elle s`emploie à maintenir, par exemple en tombant amoureuse de Frank. C`est une chose qu`Angelika, que je veux que les lecteurs considèrent comme une femme passionnée, ne ferait jamais.
Je n`aime pas les classifications. Si je devais classer L’Été des noyés dans un genre particulier, je dirais que c`est un roman- mais je ne me préoccuperais pas tellement du genre auquel il appartiendrait.
Oui, je le pense aussi. Pour moi, Liv est quelqu`un qui se tient dans cet entre-deux, dans cette maison à mi-chemin entre cette certitude de savoir ce dont elle ne veut pas et cette incertitude de ce qu`elle veut. Elle ne veut pas des caractéristiques classiques de l`adolescence – le shopping, les amitiés sans conséquences, les « garçons », elle ne veut pas non plus ce que les adultes font habituellement – un travail, un mariage, etc- mais elle n` a pas encore trouvé ce qu`elle veut – ou s`il est même seulement possible de vouloir quelque chose, une fois atteint un tel rejet des désirs et besoins habituels.
Rudyard Kipling : La lumière qui s`éteint, que j`ai lu à 14 ans, alors que l`on retournait en Ecosse après avoir déménagé plus au sud. Je pensais que Kipling avait tout compris de la vie. J`aime toujours autant ce livre. Il est moins à la mode maintenant mais toujours aussi pertinent, de façon quelque peu romantique.
Je ne pense pas que cela marche tout à fait comme cela mais lire Marcel Proust m`a appris que le génie était différent de tout ce que moi ou quelqu`un d`autre pourrait faire. (Je crois que la plupart d`entre nous commence avec l`espoir de devenir plus ou moins un génie -même si nous n`utilisons pas ce terme. Il me semble étrange de ne pas espérer accomplir quelque chose de remarquable - non pas pour la gloire et l`argent ou quoi que ce soit de cet ordre-là mais pour la pure joie d`accomplir quelque chose de merveilleux. )
Lewis Carroll. Nous n`avions que quelques livres à la maison. Ma mère m`avait acheté les livres d`Alice et c`était tout. Je les ai relus plusieurs fois. Je ne suis passé à autre chose que lorsque je découvris la bibliothèque de Corby à 14 ans. Ça a alors été la fête pendant un moment. Celui ou celle qui était en charge de la collection de cette bibliothèque savait que les classes populaires auxquelles appartenait ma famille pouvaient apprécier les classiques ou la poésie. Cette personne n`a pas supposé que nous voulions simplement des westerns et de la romance.
Moby Dick, d`Herman Melville. Il y a quelque chose d`essentiel dans ce livre qui me pousse à y revenir sans cesse.
Adolescent, j`étais un lecteur vorace. J`étais isolé, antisocial, déconcerté par les cruelles conventions que les adultes semblaient déterminés à perpétuer (l`école, le mariage, avoir un boulot) alors je lisais. Et quand je ne lisais pas, je me bagarrais donc tout le monde était content de me laisser dans un coin avec un livre et de m`y laisser tout seul. J`ai lu bien plus que je n`aurais dû et j`ai un peu honte (même si ce n`est peut-être pas le mot exact) d`avoir lu tant de livres si rapidement, et d`avoir manqué des choses. Plus personne n`a le temps de faire quoi que ce soit mais si j`en avais un peu, je retournerais à la bibliothèque de Corby et relirais l`entière collection de livres qui s`y trouve ainsi que tous les livres de la bibliothèque de mon université.
The Stories de Breece D`J Pancake. C`est un recueil extraordinaire d`excellentes histoires par un auteur qui est mort bien trop jeune. Il a récemment été traduit en français par Véronique Beghain sous le titre Qu`arrivera-t-il au bois sec ?
Je ne vois aucun classique dont la réputation serait surfaite. Quand une œuvre résiste au temps, c`est généralement parce qu`il y a quelque chose à y trouver. Généralement cependant, ce sont les livres les plus récents qui sont les plus surestimés - à cause du battage, je suppose, et du réseau de l`auteur ou de son autopromotion, un jeu auquel certains auteurs sont meilleurs que d`autres.
« Elle n`était portée sur aucune carte : les vrais lieux n`y figurent jamais." de Moby Dick, bien sûr.
Je suis en train de lire On Silbury Hill, par Adam Thorpe.
INTRODUCTION : « [ ] Forte d'une longue expérience conradienne, la Grande-Bretagne d'aujourd'hui emporte sur ses ponts et passerelles une multiplicité d'ethnies et de communautés de toute allégeance, sans renier pour autant la fermeté monarchique de son cap, la démocratie relative de se hiérarchie, la plasticité absolue de sa langue maritime. Comme elle nous le laisse supposer, il semble qu'elle essaie de tenir pour elle-même la difficile synthèse entre accepter le changement à doses progressives tout en s'ouvrant à la complexité de la grande famille humaine, sans cesser d'explorer par le poème l'énigme de notre présence dans l'Univers. » (Jacques Darras.) CHAPITRES : 0:00 - Titre 0:06 - Jeffrey Wainwright 1:04 - Wendy Cope 1:51 - Robert Minhinnick 4:01 - John Burnside 5:40 - Générique RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : L'île rebelle, anthologie de poésie britannique au tournant du XXIe siècle, choix de Martine de Clercq, préface de Jacques Darras, traduction de Martine de Clercq et Jacques Darras, Paris, Gallimard, 2022. IMAGES D'ILLUSTRATION : Jeffrey Wainwright : http://2.bp.blogspot.com/-N3JM6jtiDBQ/Tp2dLBrdXCI/AAAAAAAAADw/Ta4zoWOxB4Y/s1600/Cathedral+Poetry+Prize+2+-+Credit+Jon+Atkin.jpg Wendy Cope : https://www.thetimes.co.uk/article/birthdays-today-wendy-cope-px5pjt2nm83 Robert Minhinnick : http://3.bp.blogspot.com/-0coN533NnoQ/U_3MYYOxKxI/AAAAAAAACgk/MkiWuXJpkuQ/s1600/JM140725_Porthcawl_198.jpg John Burnside : https://www.the-tls.co.uk/articles/the-music-of-time-john-burnside-book-review-marjorie-perloff/ BANDE SONORE ORIGINALE : Scott Buckley - A Kind Of Hope A Kind Of Hope by Scott Buckley is licensed under an Attribution 4.0 International (CC BY 4.0) license. https://www.free-stock-music.com/scott-buckley-a-kind-of-hope.html SOUTENIR « LE VEILLEUR DES LIVRES » : https://www.paypal.com/donate/?hosted_button_id=W2WVWAMNPGV4E CONTENU SUGGÉRÉ : #4 : https://youtu.be/lx1XBpgpQtY #2 : https://youtu.be/ICSodYrx4VU #1 : https://youtu.be/8jOkSUGjndA https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rtiqkMjM0D1L-33¤££¤56De Martine de Clercq58¤££¤ https://youtu.be/uyu5YAAkVqw https://youtu.be/1nl¤££¤50Jeffrey Wainwright55¤££¤ https://youtu.be/0_7B4skPN8g https://youtu.be/i3cPIcz3fuY #JacquesDarras #LÎleRebelle #PoésieAnglaise
Sayyida al Hurra a gouverné une ville marocaine durant 27 ans, de 1518 à 1542, de quelle ville s'agit-il ?