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Citation de Lesapparitions


Depuis quand les hommes sont-ils devenus si couards avec leurs mièvres fixations esthétiques ? Elle pense à ça en même temps qu’elle pense à la famille Kennedy en même temps qu’elle pense à son drone. Tout ce qu’elle peut avoir en tête rejaillit dans tous les sens. Plus une seule pensée ne s’arrête puisque ce sont des images boulonnées à leurs abysses qui traversent sa tête. Elle est hors d’elle. Elle voit le tableau. Elle est devenue le surplomb. La famille démoniaque américaine a pour nom Kennedy. L’écrivain américain aux phrases courtes l’annonçait dans son œuvre. Freeman a lobotomisé la petite dernière, Rosemary Kennedy, parce que légèrement attardée, dif- férente et joyeuse. Rosemary a 23 ans. C’est ce qu’elle lit sur le réseau. C’est de là qu’elle sait devoir sa haine à venir. Maintenant qu’elle lit pour de bon, elle voit. Elle voit l’arrangement. La conversation entre le patriarche antisémite Kennedy et le bon docteur Freeman. Les pro- pos badins sur l’avenir politique des garçons forcément brillants, John et Bob, ces futurs violeurs de femmes. Elle regarde longtemps aussi les photos de Rosemary pour lire dans ses taches de rousseur faulknériennes son avenir à elle de camgirl. Rosemary, recluse d’une poli- tique familiale exterminatrice, est un messie. Elle porte la faute même. Elle est la honte de celle qui ne se mettra pas au sain régime alimentaire. Elle est pour sa famille la grosse un peu hagarde. Elle est le regard primitif au bord du gouffre. Le bouc émissaire, et la future sacrifiée des patriarches. Rosemary va passer sa vie cloîtrée à Jefferson, la ville maudite par excellence chez Faulkner.
L’allégresse est nerveuse. L’allégorie est colère.
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