John Petrie

Haut dans le ciel, l'astre du jour traverse le firmament en gloire et en majesté. Ses rayons caressent la surface du fleuve et y font miroiter une multitude de poissons d'argent, vifs comme l'éclair. Un héron ne s'y trompe pas qui, perché sur une patte au milieu des papyrus, glisse lentement son long bec droit sous son aile. La pêche sera pour plus tard. L'échassier attend sagement que la chaleur soit moins éprouvante pour consentir quelque effort et la lumière moins aveuglante pour distinguer la réalité de l'illusion.

Les rires insouciants des jeunes filles ne réussissent pas à dérider Agarukha. Voilà de longues semaines que la caravane a quitté le royaume du Mitanni à destination deu pays de Kémit, où la princesse Giloukhipa doit s'unir à Pharaon - un mariage diplomatique destiné à raffermir les relations d'amitié entre deux empires autrefois ennemis.

La nuit vient de tomber sur les sables de Ouaset. Au campement des artisans dans la Vallée des rois, le sommeil a pris possession des lieux. Les hommes, satisfaits d'avoir consacré leur journée à effectuer les gestes justes pour la gloire des dieux, s'accordent un repos mérité.

Les yeux émerveillés, le jeune garçon suit la procession des prêtres qui portent la dépouille du dieu Osiris. À ses cotés, Amenhotep, fils de Hapou, vêtu d'un long manteau de lin blanc observe, amusé, son protégé.
- Si tu reste longtemps la bouche ouverte comme ça, les abeilles vont venir te butiner la langue... avec tous les fruits que tu as engloutis ce matin !