Joice Berth

J’ai été surprise de voir de leaders masculins noirs visionnaires, qui parlent et agissent passionnément contre la domination raciale, accepter et embrasser la domination sexiste des femmes ; j’ai été surprise de voir des femmes blanches féministes qui œuvrent quotidiennement à éradiquer le sexisme, être aveuglées lorsqu’il s’agit de reconnaître et de résister au racisme et à la domination suprémaciste blanche du monde. Examinant de façon critique cet aveuglement, j’en conclus que beaucoup d’entre nous sommes encouragé.e.s à nous dresser contre la domination uniquement quand nous sentons nos propres intérêts directement menacés. Ainsi, très souvent, nous ne souhaitons pas réellement une transformation collective de la société pour mettre fin à la politique de domination, mais simplement pour mettre fin à ce qui nous blesse d’après nous. C’est pour cela que nous avons désespérément besoin d’une éthique de l’amour pour intervenir sur notre désir autocentré de changement.

(bell hooks P69/70)