Le jardin garde le cri complexe de la mélancolie de la bêtise de la société-d'ailleurs aucun pommier dans la clôture à titre de présage ne donnera de fruit cette année-là-une année sans pomme sans chaleur pour le couteau de l'hiver.
Voilà mon lot-mais il me reste la tendresse de quelques lueurs sur les écorces et sur les pierres; (p;.8)
Dans le grand poème des jours une main tenait sa main- il faudra recommencer demain et du pied pousser la pierre et dresser l’échelle dans la grange et moudre le grain cuit pour boire le café- et ne pas mourir de chagrin . (p.11)
-Le Dimanche où dort la solitude-
AUCUNE IMPORTANCE AU MONDE- je m'abonne à un journal du dimanche pour allumer les feux de la semaine_(...)
LE DERNIER VENU- un dimanche vers dix-sept heures trente lorsque vous n'attendez personne l'arrivant ce dernier venu est le premier venu le seul venu et le mal venu--la solitude et la douleur de la solitude ce besoin d'un autre maintenant supporte la venue d'un autre. (p.14)
- Un dimanche si long-
Derrière la fenêtre un oiseau quête du pain des graisses de la chaleur
Dans la fenêtre de décembre le soleil oublie
jusqu'aux souvenirs des ombres tièdes
Dans la maison la douleur tord l'homme qui se
tord les mains seul ici-bas
Seul le désespoir pavoise dans les banques chez
les pharmaciens
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Derrière la porte le suicide attend la becquée
Depuis toujours
Depuis le berceau
Et dans l'acte d'amour
Les croque-morts en attendant jouent au cerceau
Les enfants pour l'enterrement devront raquer
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des dimanches sans repas du dimanche
sans repas même
sans amour
sans crème
sans gâterie
Des dimanches en missive de percepteur
Des dimanches sans même l'idée
de vins nouveaux
et de bières fraîches
sans repas
Devenir maigre
S'aigrir
Mourir
(p.38)
Un froid dimanche de lèvres
La table est couverte d'une nappe blanche- je suis seul à manger
L'absence rentrera la nuit venue
Table à manger
elle mangera ce coq au vin que je cuisine depuis trois heures
trouvera ça bon
Les lèvres brillantes de sauce
et pour un instant le bonheur sera posé sur le buffet (...)
( p.49)
Dimanche et puis adieu
Maintenant les dimanches sombres dans les poches je marche vers le bout de mes chaussures
Elles vont par là et je les suis-
Je n'ai plus de demeure -
Où je demeure - (...)
Maintenant je marche sans souci de sédentarité-
Ma clôture se bâtit dans mes chaussures-
La banlieue est un dimanche indéfinissable
(...) Sur une aire de stationnement dans une roulotte une femme vend des frites des saucisses et de la bière en boîte : c'est un dimanche vers dix-sept heures trente en banlieue : un homme trempe ses doigts dans une sauce rouge il attend lundi où il n'aura plus rien à attendre.
( p.42)
Le dimanche où dort la solitude
(...) LE DERNIER VENU--un dimanche vers dix-sept heures trente lorsque vous n'attendez personne l'arrivant ce dernier venu est le premier venu le seul venu et le mal venu- la solitude et la douleur de la solitude ce besoin d'un autre maintenant supporte la venue d'un autre.
( p.14)
La banlieue est un dimanche indéfinissable
(...) Le mur tient la rue le regard n'a rien à mordre- derrière le mur une bourgeoise famille habite la banlieue- comme souvent en banlieue aucune porte ne trahit le mur- puis à la fin sommes- nous à l'intérieur ou à l'extérieur du crépuscule permanent.
( p.41)
La banlieue est un dimanche indéfinissable
(...) Le bistrot s'accoude sur son bar et s'endort le verre à moitié vide pendant ce temps la radio pend le temps.
( p.41)