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Citations de Joëlle Basso (15)


au coin de la salle des Pas Perdus
Harpocrate un doigt sur les lèvres
dit chut ! et j'obéis – penchée à la fenêtre :

passent en bas les palmiers à roulettes
des guerriers d'opérette s'initient au taï chi
les bateaux d'enfants tournent en rond aux bassins

au bureau l'esprit ailleurs j'amende les projets
gratte un discours d'Élus pour le Perchoir les Perroquets

de la salle du Livre d'Or – porte close – s'échappe
une voix menue que j'étouffe et qui chante :
« au nom du figuier de la feuille d'olivier
– dieu du silence – ne cache plus l'enfant-soleil »
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Elle creusa un trou à l′ombre d′un arbre, avec un racloir en pierre.
Doucement elle y déposa l′oiseau, le recouvrit de terre. Ce n′était pas assez : il fallait masquer l′herbe arrachée et marquer la présence sous la terre trop lisse.
Avec une poignée de gravier, elle dessinera encore une frise, les grains blancs disposés bout à bout et pour clore le tout, elle plantera un bâton.
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traverse la place d'un trait dame ta piste hors piste
tiens-toi au mat du vent !
écoute ton sang qui bronche – slalome ! –
un bâton planté dans la neige l'autre vers les cimes
ne rase pas les murs traverse en plein milieu
tout est froid dans les parages sauf tes nerfs tendus
– peinture fraîche – ligne blanche – lance qui brille –
risque zéro n'existe pas
aiguise tes dents garde ta langue humide
ton corps a faim d'aller
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'noir dans le noir un homme à minuit'
tire son vélo – roue crevée –
je reviens de la Capitale – sac au dos –
sans façons il m'emboîte le pas
nous gravissons la pente côte à côte
il a fait médecine : sera toubib ici
"c'est drôle j'imaginais qu'on vivait mieux
chez vous (grand rire clair)
– au 'Pays de la Liberté' –"
"dire que là-bas on vous croit riches et puissants !
les gens n'ont pas l'air joyeux en outre
je les rêvais plus gais les 'toubabs' !"
alors moi : "vous parlez trop fort il est tard"
lui : "pardon en Afrique il faut que la voix porte
elle traverse des arbres et des arbres
une forêt immense pleine de cris"
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j'entends là-haut dessus
le voisin qui cliquette
sur son clavier terminal
tel un squelette qui se console
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délestée du beau bébé (quatre kilos trois)
poupon matriochka entre ma peau et mes os
(m'isolait me couvait sans m'accoucher jamais)
je me réveille plus légère
confiante en ma colonne – tuteur flexible –
– langue rose – iris pimpant –
je brise la vitre et m'élance dehors
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j'ai rêvé d'elle cette nuit
la fille de Tirésias – Manto prophétesse –
des sept ans de son père en femelle qu'a-t-elle su ?
quel genre de femme fut-elle ?
quelle faute couva Manto ?
le manteau de la nuit le manteau de la neige ?
mentit-elle en ses prophéties ?
mourut-elle sur les flots très vieille ou jeune encor ?

cette nuit elle errait nue – dans un bassin d'orages –
sourde à mes questions elle maudissait ses gènes
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serre ton sac contre tes côtes – guette-les –
ne baisse pas les yeux fends la foule
ne tremble pas : l'étincelle dans l'iris
– prend feu –
laisse-les se noyer en toi
vaste comme la mer laisse-les
te fouiller du regard te détailler l'œil-lance
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charivari du sommeil profond
un à un j'égorge les silences monstres
m'acquitte le jour qui pointe
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chiffon plié dans ta capsule
tu te déploies d'un coup – fleur écarlate –
claquent tes draps au grand soleil de l'étendoir
– écholalique coquelicot –
labile au temps – hémorragique –
tu meurs sans mûrir
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quel est cet oiseau qui chante quand même
lance des trilles depuis la cour
comme si rien n'était détraqué ?

il insiste : c'est le printemps – je tends l'oreille –
est-ce de la joie ou seulement son mime ?
il invente à mesure son motif
– l'allonge – le complique –

par où a-t-il traversé
les mailles du filet anti-volatiles ?
il s'ignore prisonnier creuse son nid
– perce un trou dans ma poitrine –
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ah que je plains les tièdes, les entrebâillés
leurs moites prudences
leurs tours de passe-passe, leurs passe-temps
comme leur ennui minutieusement dosé me rebute :
sans désespoir mais sans exulter
jamais à la dérive toujours à quai
dans le sens du courant sans remonter à la source
ni éblouissement ni horizon lointain
l'œil ensablé
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le jour se lève sans rideau
c'est moi qui dresse le décor
où se jouera – énième essai –
l'angoisse de prendre forme
des murs trop hauts je palpe le fruit
j'hésite affolée par le choix
les possibles rôdent et me narguent

– si je me jette sur la scène
ils ne me dévoreront pas
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TU COURS HORS D’HALEINE…



extrait 2

toi qui oses travestir tes nerfs tendus
sous un si doux pelage
mes griffes à moi m’expulsent
hors du jardin où je vivote
terrain clos de mur
propriété d’avare craintif alors que toi
ta cambrure où danse le sang
— Ô te chevaucher !


tu m’entraînes dehors
du fin fond de la forêt résineuse
vers la poudreuse intouchée — hors piste
plus haut que les glaciers turquoise
[…]
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TU COURS HORS D’HALEINE…



extrait 1

tu cours hors d’haleine
le long du Heilong Jiang
grand fleuve du Dragon Noir
union de la Chilka et de l’Argoun
frontière creusée de larges gorges
jusqu’au golfe de Sakhaline


quoi dire sachant louer
ta charmante énervante calmante fourrure ?
— j’appelle au secours ta géographie
tace du doigt le cours du fleuve et de ses affluents
Soungari Zeïa Oussouri
— j’abonde les taches à ta robe
déraille et bégaye
Ô toi ! beauté piolée
animal d’aucun bestiaire
s’il y avait un Très-Haut
tu serais sa preuve
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