AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Woland


[...] ... Les naissances et les deuils, si nombreux en ces temps de fécondité et de mortalité très élevées, sont autant d'occasions de se réconcilier dans les larmes ou dans la joie. La fin de l'année 1666 est marquée par la disparition du petit duc de Valois, dont on murmure, dans Paris, que "s'il eût été fils de bourgeois, il ne serait pas mort ..." Un drame pour Henriette d'Orléans, si heureuse, après plusieurs fausses couches puis la naissance décevante de Marie-Louise, une fille, juste bonne à "jeter à la rivière", de l'arrivée de ce fils, en 1664, fils qui - elle ne saurait l'oublier - prend la troisième place dans la succession au trône, après le dauphin et Monsieur. Toutefois, l'imminence de la naissance d'un nouvel enfant du couple souverain fait très vite oublier cet éphémère petit prince, d'autant que les médecins s'interrogent sur la grossesse prolongée de Marie-Thérèse, disant qu'"elle était dans la 9ème lune et que c'était assez" ! Louis XIV témoigne de son inquiétude : "Cette année [1667] commença par les couches de la Reine, lesquelles paraissant un peu trop avancées, me donnèrent une juste appréhension pour elle." Après avoir été fort mal, elle accouche enfin, le dimanche 2 janvier 1667, d'une fille, Marie-Thérèse, dite la petite Madame. Louis, comme d'habitude, a mis la main à la pâte en assistant le médecin Félix, qui l'a chargé d'immobiliser les genoux de la reine pendant le travail. Mais les douleurs étaient si fortes, a-t-il raconté, qu'il avait du mal à la maintenir et "que l'enfant étant au passage il avait ouï les os se rompre comme si l'on avait rompu un bâton." Un libelle affirme qu'il avait des "répugnances horribles d'entrer dans la chambre de la Reine quand elle [était] en cet état" et qu'il réservait ses soins à La Vallière. On se souvient pourtant que celle-ci a accouché seule et en cachette de ses deux fils. Le roi, "suant comme un boeuf", l'aurait soutenue dans les douleurs de son troisième enfantement mais, en réalité, c'est le pamphlétaire qui est le plus sûrement dégoûté de le voir "souffrir les ordures d'un accouchement" et d'y prêter "des mains qui ne sont destinées qu'à tenir des sceptres et des couronnes." Et c'est sans doute l'un des traits les plus attachants et les plus contradictoires de la personnalité de Louis XIV - on l'a déjà vu à l'oeuvre lors de la maladie de Marie-Thérèse en 1662 et de celle d'Anne d'Autriche en 1665, et on le verra aussi assister la Palatine lors de ses couches, en 1676 - que cet engagement personnel et physique lorsque ses proches sont en danger, sollicitude qui fait place à une dureté et une inflexibilité totales dès qu'ils sont sauvés. Quoi qu'il en soit, il est heureux de la naissance de sa faille, qu'il fait célébrer par un Te Deum, contrairement aux traditions réservant ce privilège aux mâles ou à la fille aînée, et il l'est aussi de la naissance de l'illégitime, Marie-Anne, qu'il reconnaît quelques mois plus tard. ... [...]
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}